« Je traiterai avec la Somalie s’il le fallait mais pas avec les forces de l’ombre occidentales », c’était la réponse du premier délégué de Jendouba d’obédience nahdhaouie aux représentants de l’Association tunisienne de la préservation des champignons sauvages dans la région de Ain Draham.
L’association présidée par Saida Gdiri avait déjà l’appui de Rachid Khlaifi, président du mouvement français des Investisseurs en Tunisie qui lui avait même offert l’usine qu’il exploitait lui-même pour l’exportation des champignons sauvages en France et en Espagne.
Épuisé ! C’est le moins qu’on puisse dire de l’investisseur initial de « Champisyl ». Cela faisait dix ans qu’il se livrait à des batailles épuisantes et infructueuses, tout d’abord avec les Trabelsi du temps de l’ancien régime, ensuite avec une administration sclérosée, non réactive et peu coopérative, transparente et simple. Rachid Khlaifi voulait créer des emplois dans la région démunie d’Aïn-Draham en y développant la collecte des champignons sauvages et en exportant ce produit précieux et très apprécié par les consommateurs français et espagnols. «J’ai laissé tomber parce que je ne pouvais plus supporter autant de pression. Je pensais qu’après les changements advenus en Tunisie, les choses allaient évoluer positivement, malheureusement, je ne vois pas de changements notables si ce n’est un retour en arrière alarmant ».
Rachid Khlaifi qui réside en France est universitaire et homme d’affaires. Il s’est lancé, il y a des années, dans l’exportation des champignons sauvage qui tapissaient les forêts d’Ain Draham. L’affaire aurait pu être porteuse et représentait un atout dans une région démunie, elle visait également à créer des postes d’emplois là ou les gens n’avaient pour « capital » que leurs pauvreté et l’absence des moyens minimaux pour vivre dignement.
A bout de souffle, au bout d’une décennie de luttes insensées et sans merci à son encontre, il a décidé d’offrir son usine à ses employés, espérant que l’État soucieux des emplois les aiderait dans son exploitation en leur accordant une licence d’exploitation d’un produit «tombé du ciel».
Ce sont ses ouvriers (ères) qui se sont constitués en Association et lesquels, en désespoir de cause, après s’être vus refusés l’accès aux portes des ministres, gouverneurs et hauts responsables de la direction des forêts, pour avoir une autorisation d’exploitation en bonne et due forme, l’ont appelé à leur secours.
Arrivé de Paris en catastrophe, il s’attendait tout comme la présidente de l’Association, accompagnés du délégué de Ain Draham à être reçu par le gouverneur de Jendouba, mais non, ce dernier était trop occupé, ils furent reçus par son premier délégué : « Si vous aviez vu avec quel mépris, incorrection et dédain, il nous avait reçu, vous auriez crié vos grands Dieux que nous ne vivons pas dans une phase postrévolutionnaire où les nouveaux responsables sont plus soucieux du sort des contribuables.
Si Rachid essayait de le convaincre de l’intérêt du projet et de son apport dans la création de poste d’emplois dans notre délégation, et lui faisait semblant d’écouter, se levait, allait vers la fenêtre, reprenait la discussion à sa guise en ne nous accordant même pas un regard pour finir par déclarer haut et fort, ‘’je pourrais bien coopérer avec la Somalie mais pas vous soutenir dans ce projet qui exportera les champignons tunisiens aux forces du mal occidentales’’. J’étais choquée et j’avais honte d’avoir invité notre ancien patron à venir de France pour recevoir pareille réponse», témoigne Saida Gdiri, présidente de l’Association.
Les forêts tunisiennes ont été réparties en trois, « Sejnane », « Fernana » et « Ain Draham ». Les deux premières sont louées par la direction des Forêts à hauteur de 4 mille et 2 mille dinars la récolte. A la troisième, le prix fixé a été trop élevé. Dans quel but ? Mettre la jeune association en situation d’impuissance et priver des personnes dans le besoin d’exploiter leurs forêts et y faire travailler des jeunes ou servir des intérêts autres que celle de la région, ceux de la confrérie ?