Le parti Ettakatol tient à partir de vendredi, à Tunis, son deuxième congrès national, le premier depuis la révolution. Ces assises interviennent à un moment où les évènements politiques voient leur rythme s’emballer aux plans national et international et gagner en intensité.
Elles se tiennent, également, dans le contexte d’une vague de démissions et de critiques acerbes d’un certain nombre de ses partisans à l’endroit de la direction du parti, une des composantes de la coalition tripartite au pouvoir conduite par le mouvement Ennahdha.
Les congressistes auront, trois jours durant (5-7 juillet 2013), à débattre de nombre de motions, notamment politique et économique et éliront un président et un porte-parole officiel du congrès lors de la séance inaugurale que le secrétaire général du parti, Mustapha Ben Jaafar, devait ouvrir.
Kkalil Zaouia, membre du bureau politique d’Ettakatol et actuel ministre des Affaires sociales, a tenu à rappeler, dans une déclaration à l’agence TAP, que le parti avait joué un rôle important dans l’adoption de l’approche consensuelle qui se construit actuellement.
L’option pour le partenariat au pouvoir en cette phase cruciale fut “un choix courageux de la direction du parti tout en sachant d’avance, par expérience, que l’épreuve du pouvoir contribue à l’érosion de la base populaire”, a-t-il dit. Interrogé sur les dissidences et autres défections au sein du parti, Zaouia en a minimisé la portée, déclarant en substance à propos de ce point précis: “Ceux qui ont démissionné étaient venus au parti par opportunisme. N’ayant rien trouvé à y gagner, ils se sont érigés en opposition interne animée par le seul désir de démolir Ettakatol qui est resté fidèle à ses principes fondateurs”.
Dans un tout autre registre, le responsable à Ettakatol a estimé que “ce qui s’est passé en Egypte n’aura pas des conséquences notables en Tunisie”, rappelant que le parti avait joué “un rôle déterminant après les élections du 23 octobre 2011 et fait en sorte que la période transitoire soit fédératrice de toutes les sensibilités idéologiques, à travers l’expérience de la Troika qui allie la sensibilité socialiste à la tendance islamiste”.
Selon un autre membre du bureau politique, Said Méchichi, “le parti est attentif aux revendications populaires et s’efforce de les concrétiser”. Il pense que la teneur des motions du congrès “apporteront des réponses concernant ce que les gens attendent d’Ettakatol”.
“Le fait que le parti a perdu de son lustre après s’être allié avec le mouvement Ennahdha importe peu en comparaison avec les impératifs de l’intérêt national qui commandent aux forces politiques de s’allier pour réussir le processus de transition démocratique”, a-t-il ajouté.
Nombre de personnalités nouvellement ralliées à Ettakatol seront présentes à ces assises en tant que congressistes, à l’instar de la ministre de l’Environnement du gouvernement Hamadi Jebali, Mamia El Banna, et le député transfuge du CPR Tarek Labidi.
S’agissant des travaux proprement dits du congrès, Lobna Jeribi a indiqué que la création d’une organisation féminine d’Ettakatol figure à l’ordre du jour, après le lancement réussi d’une organisation de jeunesse du parti qui vient de tenir son congrès constitutif.
Aux lendemains des élections du 23 octobre 2011, Ettakatol avait connu de nombreuses défections, en particulier celles des militants qui se sont constitués en “courant réformateur”. Ce groupe n’a jamais eu de cesse de clamer sa volonté de ramener le parti à ses principes fondateurs, portant la responsabilité du dévoiement d’Ettakatol au secrétaire général, Mustapha Ben Jaafar.