Après le Printemps arabe, qui a vu l’arrivée des islamistes au pouvoir en Tunisie, en Egypte et au Maroc, qui se sont avérés incompétents à ramener la paix, la sécurité et surtout à redresser l’économie, on semble se diriger tout droit vers un “été arabe“ très chaud.
Si la Tunisie a ouvert le bal du printemps arabe, c’est de l’Egypte que le rejet des nouveaux gouvernements islamistes s’organise désormais. En effet, depuis quelques jours, le président Mohamed Morsi est sommé -et par les manifestants et par l’Armée- de quitter le pouvoir.
Dominique Moïsi, conseiller spécial de l’Institut français de Relations internationales (IFRI), dans une interview à lci.tf1.fr, explique qu’
“il y a un peu plus d’un an, les campagnes égyptiennes avaient majoritairement voté pour les Frères musulmans, et donc le président Morsi…“, mais depuis, ces derniers “ont perdu une grande partie de leur soutien. Ils se sont délégitimés tous seuls en montrant qu’ils ne savaient pas gérer le pays“.
Selon Moïsi, les Egyptiens reprochent essentiellement trois choses à Morsi:
“Son incompétence, son intolérance vis-à-vis de la société en gérant le pays au nom d’une idéologie religieuse et surtout sa médiocrité“.
Le spécialiste des relations internationales ajoute:
“Après avoir prononcé un discours de trois heures la semaine dernière à la télévision, il s’est montré incohérent, inconsistant et aurait fait de nombreuses fautes de grammaire. Pour le peuple, Mohamed Morsi est indigne d’un pays comme l’Egypte qui a une culture millénaire“.
Face à cette situation, Dominique Moïsi estime qu’il y a trois hypothèses possibles:
«Morsi va essayer de gagner du temps en promettant de nouvelles élections anticipées sous le contrôle de l’armée»; ou «il refuse de partir et déclenche par la même une guerre civile -ce qui est peu probable quand on sait que ce qui se passe actuellement en Syrie terrorise les pays du monde arabe»; ou bien «l’armée prend le pouvoir pour éviter la guerre civile. Après avoir ramené l’ordre dans la rue, elle remettra le pouvoir aux civils qui organiseront des élections libres. Etant donné que le pays est dans une situation de désordre avancé, c’est ce qui risque de se passer».
Quid de la Tunisie et du Maroc ?
Pour l’heure on n’en est pas là, même si le gouvernement des islamistes au Maroc est au bord de l’explosion. Quant aux Tunisiens, et contrairement à “la révolution du 14 janvier 2011“ où ils n’avaient aucune boussole, l’Egypte pourrait bien en être une désormais, si toutefois la contestation va à son terme, c’est-à-dire jusqu’à l’éviction de Morsi –donc des Frères musulmans- du pouvoir. En ce moment, les Tunisiens pourront se dire, comme l’avaient dit et fait les Egyptiens, “ils ont pu déloger Morsi et sa bande, pourquoi pas nous?“. D’ailleurs, les “gens“ d’Ennahdha regardent avec une très grande appréhension ce qui se passe au Caire, étant donné qu’ils utilisent les mêmes méthodes et ont les mêmes carences en matière de gouvernance.
Maintenant, il y a une donne à ne pas négliger: Ennahdha a montré depuis son accession au pouvoir sa capacité à reculer pour mieux sauter les obstacles.