Eh non, finalement Tarak Ben Ammar, le magnat tuniso-français des médias ne s’est pas désengagé des laboratoires Eclair comme certains l’avaient espéré en 2008.
C’est du Tout Tarak Ben Ammar, quand il tient, il ne lâche plus. Avec lui on évolue, on se reconverti mais on n’abandonne pas et c’est ce qu’il fait aujourd’hui en partenariat avec l’Etat français. Il s’engage dans la recapitalisation du groupe Eclair à hauteur de 12,4 M €.
Tarak Ben Ammar aurait-il reculé pour mieux rebondir ? C’est en tout cas l’industrie cinématographique française et européenne qui en profite puisque la recapitalisation du laboratoires mythique français Eclair servira en premier lieu à lui assurer l’avancée technologique dont il avait bien besoin par son passage complet vers le numérique, la distribution bump-up et les activités de post-production.
Les nostalgiques des grands classiques du cinéma mondial pourraient aujourd’hui les regarder revus et corrigés grâce toujours à du grand art : la haute technologie appliquée au 7ème art.
L’investissement a été fourni par l’État Français via les Fonds de consolidation et de développement des entreprises FCDE, le groupe Quinta Communications de Tarak Ben Ammar, et les managers du groupe Eclair présidés par Thierry Forsans.
Ben Ammar avait récemment déclaré à Screendaily, que la décision du gouvernement français d’investir dans le Groupe Eclair par les fonds FCDE et en partenariat avec lui justifie sa position en ce qui concerne la disparition de LTC.
« Les récents événements m’ont donné raison sur certaines accusations » a-t-il indiqué rappelant en cela, sans le dire ouvertement, la cabale, lancée contre lui en 2007 par certains acteurs du monde du Showbiz français inquiets de la possible «main mise » du tuniso-français sur Eclair suite à l’acquisition de Téléclair, la société de la famille Dormoy détentrice de 43% du capital Laboratoire.
« Quand je suis entré dans Eclair et LTC, j’avais déjà une vision sur le déroulement des choses. Dès le début, mon plan était de regrouper les entreprises et d’en créer une qui couvre tous les services du laboratoire grâce au numérique et aux services de post-production ».
L’ambition de Tarak Ben Ammar était fusionner le laboratoire historique, datant de 1907, avec sa société de traitement de films LTC, qui était déjà détenu par Quinta, pour créer la plus grande industrie cinématographique de France. Il a dû faire marche arrière parce que la direction générale française de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a bloqué ce mouvement de fusion en 2008.
« Le Centre national du cinéma (CNC) a recommandé le regroupement suivant mon plan et d’autre part, la Commission de la concurrence a bloqué la fusion de ma proposition avec celle des managers d’Eclair, par crainte qu’on devienne un monopole tout en reportant cette proposition à quelques années plus tard. Nous leur avons dit à l’époque: «Nous serons morts d’ici là», et c’est exactement ce qui s’est passé … Eclair est allé dans le chapitre 11, LTC ne pourrait pas survivre dans le chapitre 11, nous avons essayé de la remettre en place mais elle est décédé en 2011. »
LTC a fermé ses portes en Décembre 2011, avec la perte de 115 emplois. La fermeture a pris les unités Quinta Industries dans son sillage, envoyant des ondes de choc à travers l’industrie française. Les laboratoires GTC, fondés par Pathé et Gaumont en 1947, avaient déjà fermé leurs portes en 2009.
La numérisation a été particulièrement rapide en France à cause des subventions de l’Etat soutenant ce processus. Au cours des 24 mois qui ont précédé la fermeture de LTC, le pourcentage de cinémas numériques est passé de 20% à 75%, et les laboratoires ont perdu 70% -80% de leur marché.
«J’ai perdu mais j’avais raison,la preuve que le nouveau gouvernement de gauche me considère comme le seul partenaire sérieux dans la post-production.C’est pour ça qu’ils m’ont demandé de les aider à assurer que la France, pays produisant plus de 200 films par an, continue à avoir un laboratoire… Ils ont compris qu’ils doivent soutenir l’un des soldats restants “, a déclaré Ben Ammar.
Thierry de Segonzac, chef de l’organisme professionnel représentant les industries techniques françaises FICAM, a déclaré la recapitalisation constitue une évolution positive.
«Je me réjouis de la compréhension des investisseurs qui ont compris la logique d’investir dans le secteur des industries techniques liées au cinéma. Cette décision marque un retour de la confiance dans une industrie centenaire qui lui permettra de mieux faire face aux défis exceptionnels de cinéma numérique du 21e siècle “, a-t-il commenté.
DI avec communiqué