Elles sont au moins quatre sociétés opérant dans la collecte de fonds en toute impunité, des entreprises répertoriées par les services gouvernementaux. Des entreprises installées en plein centre ville et qui ne passent pas inaperçu avec les files d’attente quotidiennes, ont pu continuer à exercer leurs activités sans soulever de véritable réaction de la part des autorités publiques. En dehors de Yosr Développement, les autorités connaissent l’existence de Byrsa Développement, Casus-Invest et Next International business Compagny.
Le système de Ponzi, rappelons-le, est un montage financier frauduleux qui consiste à rémunérer les investissements des clients essentiellement par les fonds procurés par les nouveaux entrants. Aujourd’hui, il sévit dans notre pays et à grande échelle.
Le laxisme du gouvernement, quant à ces nouvelles formes d’arnaques, irait-il jusqu’à ruiner les structures et établissements financiers nationaux? Une hypothèse qui n’est pas à écarter au vu des allers/retours des courriers officiels entre la BCT et le ministère des Finances, et qui ne se traduisent pas sur le terrain par des décisions visant à y mettre fin.
La Banque centrale a pourtant voulu assurer son rôle de protecteur, contrôleur et régulateur du secteur financier. Adossée à une ordonnance du juge du 7ème bureau du pôle judiciaire, fondée sur l’article 14 de la loi de juillet 2001-65 relative aux établissements de crédit et l’autorisant à proposer au ministère des Finances -après audition- la liquidation de toute entreprise qui exerce les opérations bancaires sans agrément et lui désigner un liquidateur, la BCT a vu son initiative repoussée. D’après des sources bien informées, le ministère des Finances lui aurait rétorqué que le ministre ne peut approuver la liquidation d’une société sans l’obtention d’un jugement de liquidation. Pourtant, la loi le stipule tout comme la recommandation du juge du pôle judiciaire.
Pour les experts soucieux de la bonne gouvernance du secteur financier, cela s’appelle un renvoi de balle entre ministère de la Justice et celui des Finances et permet à ces personnes d’échapper à la loi en refusant d’assumer toute responsabilité ou décision touchant les responsables.
Le ministre de la Justice est, pour sa part, dans l’attentisme. Lui, que le background universitaire prédisposait à donner des leçons sur l’impératif du respect et de la suprématie de la loi, préfère s’inscrire aux abonnés absents…
Pendant ce temps, et en seulement deux années, la société Yosr Développement aurait collecter près de 30 millions de dinars; Casus Investment aurait fait mieux en une année, elle aurait ramassé 20 MDT; la Next-Invest 2,5 MDT en tout juste 3 mois. Hallucinant !
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