Le président provisoire de la République, Mohamed Moncef Marzouki a effectué, jeudi, une visite de travail dans le gouvernorat de Jendouba où il a pris connaissance des perspectives permettant de consolider le rythme de développement, à travers des visites sur le terrain et de rencontres avec les opérateurs de la société civile et du monde économique.
Au cours d’une rencontre avec les représentants des organisations professionnelles et des composantes de la société civile, d’hommes d’affaires et d’investisseurs, le président provisoire de la République a mis l’accent sur “l’existence d’une véritable volonté politique pour promouvoir la réalité des régions intérieures”.
Il a, dans ce sens, insisté sur “la pauvreté et la marginalisation dont souffrent les régions intérieures et qui sont considérés comme les conséquences de l’accumulation de politiques précédentes et le résultat de choix erronés et le moment est venu pour les changer”, soulignant, en même temps, “avoir besoin du temps et de la patience des citoyens pour atteindre les objectifs escomptés”.
Marzouki a mis, en outre, l’accent sur “les bienfaits du découpage du pays en districts”, ainsi que sur les retombées positives de pareil découpage sur le rythme de développement et sur l’investissement, dans les différentes régions.
Il a souligné, aussi, l’importance de cette démarche dans l’identification précise des besoins de ces régions au niveau du développement et dans la détermination de véritables projets conformes aux attentes de leurs habitants. Sur un autre plan, le président provisoire de la République a considéré que la période consacrée à l’élaboration de la constitution “n’est pas une perte de temps”, ajoutant que l’important est d’arriver à préparer “un document cohérent répondant aux attentes de tous les Tunisiens”.
De leur côté, les hommes d’affaires et les représentants des différentes composantes de la société civile du gouvernorat de Jendouba ont soulevé de nombreuses préoccupations professionnelles, sectorielles, sociales, économiques et relatives au développement, notamment le besoin urgent de fournir des réserves foncières au profit des projets de développement, la nécessité d’accélérer la liaison du gouvernorat de Jendouba au réseau autoroutier et le règlement des dettes des agriculteurs.
Ils ont, d’autre part, attiré l’attention sur les problèmes fonciers dont souffre la région, la précarité de l’infrastructure de base, la dégradation des prestations sanitaires, l’insuffisance de l’investissement, ainsi que l’inexistence de directions régionales, dans différents secteurs. L’assistance a appelé à “une discrimination positive de leur région”, surtout qu’à l’image de multiples autres régions intérieures, elle avait souffert de “la marginalisation durant de longues décennies”. Elle a, aussi, souligné la nécessité d’oeuvrer pour sauvegarder les postes d’emploi menacés, à la suite des problèmes dont souffre les entreprises installées dans la région, comme “Les grandes minoteries et les complexes des terres domaniales.
Lors de sa rencontre avec des agriculteurs, Marzouki a évoqué l’insuffisance dans l’exploitation des surfaces disponibles et pouvant aider à la réalisation de la sécurité agricole. Il a remarqué que les gouvernorats à caractère agricole qui avaient la possibilité de représenter des centres économiques efficients dans le développement régional sont, aujourd’hui, les régions les plus marginalisées, en raison de l’absence d’une volonté politique du régime précédent. Les agriculteurs participant à la rencontre ont soulevé un ensemble de préoccupations en relation, principalement, aux défaillances des alternances agricoles, la mauvaise organisation des circuits de distribution, les problèmes de l’eau d’irrigation et l’endettement des agriculteurs.
De son côté, le ministre de l’agriculture, Mohamed Ben Salem, a fait remarquer, de son côté, que 90% des ressources financières destinées au secteur agricole proviennent de la banque nationale agricole (BNA) et ne représentent que 14% du chiffre d’affaire de la BNA. Elles ne contribuent, en outre, qu’à concurrence de 18% à l’emploi.
Il a souligné “qu’en dépit des ressources faibles, il a été possible pour le secteur agricole de réaliser l’autosuffisance dans plusieurs produits à l’instar du lait et des viandes rouges”. Il a annoncé, à cet égard, la création d’un haut comité chargé d’impulser la productivité et de réduire l’importation.
En marge de sa visite, le président de la République s’est rendu à la câblerie ”Sumi Tomo” dans la zone industrielle ”El Irtiyah”, à Bullarégia, qui emploi 796 salariés.
Marzouki s’est rendu ensuite au complexe agricole où il a visité une unité de production de betterave à sucre, l’usine de ‘Ben Bchir’.
Le président de la République a également donné le coup d’envoi de la saison des moissons dans le gouvernorat de Jendouba, avant d’inspecter l’Institut national des grandes cultures.
Par ailleurs, des habitants de la région ont organisé une manifestation de protestation, revendiquant le développement et l’emploi.
La coordination régionale du front populaire (gauche) a publié, de son côté, un communiqué dans lequel elle annonce qu’elle boycotte la visite du président de la République, affirmant qu’il s’agit “d’une campagne électorale sans aucun rapport avec les préoccupations de la région où les conditions économiques et sociales demeurent précaires”.