La Croix rouge internationale négocie actuellement avec les autorités syriennes, à la demande de la Tunisie, le sort des prisonniers tunisiens en Syrie, en présence d’une délégation de la société civile, a indiqué le ministre des Affaires étrangères.
Othman Jarandi l’a annoncé, mardi, lors de la rencontre de presse périodique, au Palais du gouvernement, à La Kasbah. « Nous attendons la réponse syrienne au sujet de la remise en liberté et du rapatriement en Tunisie d’un certain nombre de ces prisonniers », a-t-il dit, faisant part de la disposition du gouvernement à mobiliser tous les moyens et mécanismes nécessaires pour faciliter les opérations de rapatriement des Tunisiens, « que ce soit en petits groupes ou massivement ».
Jerandi a formé le voeu de voir les autorités syriennes traiter ce dossier « sous un angle humanitaire et moral et sans poser des conditions ». Il est vrai que « l’opération de remise des prisonniers est complexe dans un contexte de relations diplomatiques rompues avec la Syrie et c’est pourquoi il était préférable que cette opération soit prise en charge par une organisation internationale », a-t- il ajouté.
Admettant que les Tunisiens résidant en Syrie sont confrontés à des conditions difficiles, Jerandi a souligné la volonté du ministère d’assurer un suivi permanent de leurs préoccupations, précisant qu’à cette fin le personnel de l’ambassade de Tunisie à Beyrouth vient d’être renforcé en ressources matérielles et humaines. S’agissant de la position de la Tunisie vis-à-vis des développements de la situation en Syrie, il a mis en avant le soutien de la Tunisie aux efforts internationaux en cours visant à parvenir à un règlement politique pacifique, surtout après l’aggravation de la crise entre le régime en place et l’opposition.
La Tunisie « est contre toute intervention étrangère dans ce pays », a-t-il encore déclaré, disant redouter « que les développements sur le terrain se soldent par des résultats négatifs non seulement pour la Syrie mais pour l’ensemble de la région ». Le ministre des Affaires étrangères a, par ailleurs, tenu à rappeler que la fermeture de l’ambassade syrienne à Tunis n’avait d’autre but que de faire pression sur le régime syrien et de soutenir le droit de son peuple à la liberté et à la démocratie.
« La Tunisie est prête à changer d’attitude si la situation change en Syrie », a-t-il affirmé. Une délégation de la société civile, rappelle-t-on, se trouve actuellement à Damas pour négocier avec les autorités syriennes la remise en liberté des Tunisiens détenus en Syrie. Cette visite faisait suite à celle de proches des prisonniers en questions, en quête de nouvelles de leurs enfants. Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères Fayçal Mokdad avait déclaré que le gouvernement syrien était disposé à relâcher ceux parmi les prisonniers tunisiens « qui n’auraient pas les mains tachées du sang des Syriens et ceux entrés illégalement en Syrie ».
Mokdad avait cependant assorti cette promesse de l’engagement des prisonniers de diligenter des poursuites aux plans national et international et de saisir le Conseil de sécurité, l’ONU et les organisations internationales d’une plainte « contre quiconque aurait concouru à les inciter à l’extrémisme et à les embrigader ». Jerandi a, d’autre part, indiqué, au sujet des démarches entreprises pour la tenue d’un sommet maghrébin, faisant valoir que « les pays maghrébins sont animés d’un sincère désir de voir ce sommet se tenir à Tunis ». La création d’une banque maghrébine sera annoncée en décembre prochain, a-t-il ajouté.