Le Salon National des Jeunes Artistes Plasticiens Tunisiens organisé par l’Union des artistes plasticiens (UAPT) a ouvert ses portes hier vendredi et se poursuivra jusqu’au 30 juin au Palais Kheireddine à la médina de Tunis avec la participation de 100 artistes, un miroir de l’art en Tunisie. Deux ans après la révolution, ces créateurs lèvent le voile sur leurs sculptures, photos, dessins et céramiques 150 uvres au total.
Cette exposition se distingue par une forte participation de photographes. L’on remarque également de la recherche dans les uvres qui témoigne du talent de certains artistes tunisiens.
Cette recherche se remarque notamment par l’utilisation de nouvelles techniques par ces jeunes et moins jeunes, l’age maximal des exposants étant tout de meme 40 ans mais prouve que l’art tunisien existe et se porte plutôt bien à l’heure actuelle.
“Cette seconde expo annuelle permet aux jeunes de dévoiler leur talent dans ce cadre prestigieux qu’est ce Palais sachant qu’ils peuvent exposer dans les maisons de la culture du pays” déclare Wissem Megdiche, membre de l’UAPT à l’agence TAP.
Parmi les uvres marquant cette manifestation figure une installation en céramique de 2 m sur 1m78 de Sarra Ben Attia qui fait découvrir son travail de recherche appelé “Hommage à mon maitre Siraj”. Une structure verticale qui représente le MOI ou l’être existant et son ombre, composée de galets en demi-sphère posés par terre et qui vont en se dissipant.
Ce travail est “un hommage à mon maître céramiste égyptien qui m’a fait découvrir la technique de pic firing ou la cuisson dans une fosse construite en briques, dans laquelle sont ajoutés des sels, du chlorure et des sciures de bois”, explique Sarra Ben Attia. “Tous réagissent avec la fumée, le catalyseur de transformation de l’argile qui donne naissance à l’oeuvre” souligne-t-elle. Cette technique donne des couleurs terre à l’installation et rappele un peu les cuissons primitives de la poterie. Pour rappel, Khaled Siraj, est un célèbre artistique céramiste contemporain égyptien qui a permis à Sarra Ben Attia de découvrir cette technique de cuisson, appelée pic firing, une première pour une tunisienne d’utiliser ce type de technique selon elle.
Pour sa part, Linda Abdellatif présente sa “Pro-jection”, un tableau composé de 12 boites noires à secrets. Sur ces boites, sont assis des personnages irréels en céramique raku (technique japonaise). Certains ont des visages ronds ou difformes au regard ironique. Ils portent des pancartes à thèmes tels que “constitution”, “démocratie”, “chaos”,”0,1 pc” ou “99 pc”. “Pour moi, cette oeuvre a constitué, au départ, une projection du contexte socio-politique actuel” déclare l’artiste. “Les longues jambes multiformes et craquelées sont un peu à l’image du pays actuellement” selon elle. Dans l’une des boites, on trouve une chaise à plusieurs pieds de differentes tailles. Curieusement le regard s’oriente vers les boites scellées, mais ces dernières sont fermées au cadenas, un peu pour dire que ces secrets seront gardés à jamais
Dans “vertiges”, Leila Shili, peint un tryptique mettant à l’honneur l’abstraction lyrique avec des personnages intégrées dans un espace pictural aux couleurs pastels à travers une approche résolument contemporaine.
“Saray” est l’intitulé de l’uvre de Roua Bida marquée par l’art graphique et une picturalité classée dans le cadre de la figuration savante. La fraicheur des couleurs et la maitrise des techniques font que ce tableau un travail qui sort des sentiers battus. Il est animé par des caricatures et pétillant de couleurs vivantes et vivaces dominées par le vert.
Coté photo, très présente dans cette expo, on découvre le travail de recherche de Nizar Megdiche qui prend pour modèle l’homme, chose rare en Tunisie, et met en valeur, dans une sorte de fusion, le corps et le volume, dans des couleurs puissantes avec du vert et du rouge.
Pour sa part, la photographe Hanene Gharsallah met à l’honneur un objet usuel, la pince à linge, qu’elle colorie au gré de ses humeurs. Dans 7 cordes à linge et dans une suite arithmétique sur fond noir et à l’infini, la photographe met en scène ces petits objets usuels qui deviennent ainsi importants.
Pour rappel, ce salon a lieu dans trois espaces, au palais Kheireddine, au palais El Abdellia à la Marsa avec une expo qui démarre le 14 juin, et une exposition de l’artiste jordanien, Kamel Eddine Hlawa, membre du comité directeur de la fédération des artistes plasticiens jordaniens dès le 15 juin à la galerie Yahya. L’évènement est organisé en collaboration avec le ministère de la culture et la municipalité de Tunis, dans le cadre de la célébration de l’année nationale des arts plastiques.