Le capital investissement constitue, désormais, une alternative et un outil privilégié, aux côtés des financements publics bilatéraux et multilatéraux, pour développer le secteur privé et créer des emplois dans les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée, ont constaté des acteurs du secteur financier, des chefs d’entreprises et des dirigeants du monde économique réunis, jeudi, à Gammarth, au 4ème Forum Euromed-capital.
Organisé par l’Association Euromed-Capital Forum, association à but non lucratif créée en 2005, cette assemblée euro-méditerranéenne de deux jours (30 et 31 mai) étudiera l’impact des récentes mutations économiques et financières sur le financement des PME et l’emploi, principaux défis à relever dans la majorité des pays de la région. D’après des statistiques évoquées à l’occasion, les pays du Sud de la Méditerranée sont appelés à créer 30 millions de nouveaux emplois d’ici 2025, pour réduire le taux de chômage, notamment, des diplômés du supérieur.
Certains intervenants estiment que l’apport des révolutions, lesquelles ont changé la donne dans plusieurs pays du,Sud, consiste en l’ouvertude de la voie pour l’amélioration des climats d’investissement et la garantie de plus de transparence et de confiance dans les milieux d’affaires. D’autres participants pensent que les réglementations font encore défaut pour le développement du capital investissement dans les pays sud-méditerranéens et recommandent des réformes et une refonte dans les rôles et les responsabilités, dont celles de l’Etat.
Dans son intervention, Jaloul Ayed, ancien ministre des finances de Tunisie et vice-président de l’Association Euromed-Capital Forum, a déclaré que pour créer des emplois et relever ce défi majeur auquel fait face la Tunisie, avec 8000 chômeurs, il faut passer par la création d’investissements. “L’Etat dépense, aujourd’hui, beaucoup plus pour la compensation que l’investissement”, a-t-il fait remarquer, affirmant que ce dernier (l’Etat) ne peut à lui seul créer des emplois et booster la croissance sans l’aide d’un secteur privé solide et de nouvelles structures de financement, dont des fonds qui investissent avec les promoteurs privés.
Le rôle de l’Etat, a-t-il ajouté, doit être repensé dans le sens de plus d’intelligence, voire un Etat propulseur et accompagnateur qui “garde la haute main”, mais qui “aide le citoyen à s’aider lui même”.
En Tunisie, les TPE (très petites entreprises de 1 à 2 employés) représentent 90 % des entreprises tunisiennes (environ 327000) et offrent 33 à 43% d’emplois. Les PME représentent, quant à elles, 97% du tissu entrepreunarial en Tunisie et emploient 40% de la main d’uvre dans le pays, alors que le secteur bancaire n’accorde que 14% des crédits à ces PME, a indiqué M. Ayed.
“C’est une aberration !”, a-t-il accusé. Si le secteur bancaire n’accompagne pas convenablement ces entreprises, l’Etat doit agir pour mettre en place des structures “intelligentes” et une stratégie spécifique, “qui n’existe pas pour les TPE” et initier des réformes, notamment, dans les secteurs de la micro-finance et la micro- assurance. “Ces réformes pourraient apporter des solutions et intégrer les TPE dans le secteur formel, les protéger et préserver les droits de leurs employés”, a-t-il dit.
A son avis, les créations d’emplois dans la fonction publique ne sont pas, évidemment, générateurs de valeur ajoutée. D’où la nécessité de s’orienter davantage vers le développement du capital-investissement, l’incitation à l’initiative privée, à travers la réforme du cadre réglementaire, et l’accompagnement des promoteurs privés par le biais de “Fonds de fonds”.
Dominique Nouvellet, président d’Euromed-Capital Forum a déclaré à TAP qu’en ce qui concerne la Tunisie, les réformes conduites par le gouvernement de transition ont fait que la législation tunisienne en matière de capital investissement est devenue l’une des législations les plus abouties. M. Nouvelet croit, lui aussi, qu’en plus de l’adaptation du cadre règlementaire, le rôle de l’Etat doit évoluer.
Car pour créer des emplois il faut réaliser la croissance et atteindre cet objectif exige d’encourager les entrepreneurs et de libérer l’initiative.
“Ceci ne doit pas mener à la dérégulation systématique du marché qui mène à la catastrophe, mais aider à la création d’un marché qui favorise l’entreprise et d’un Etat intelligent qui encadre le marché”, a-t-il expliqué. Ce symposium, organisé avec le soutien des associations professionnelles du capital investissement de la région Euro-med, la Banque européenne de l’investissement, la facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat (BEI-FEMIP) et le réseau ANIMA, vise à rapprocher les différents acteurs du financement des PME en fonds propres et partager leurs expériences. Il s’agit aussi de créer des passerelles professionnelles dans l’ensemble du bassin euro- méditerranéen, favoriser la croissance des entreprises du secteur privé et la création d’emplois en contribuant au développement du capital investissement dans la région Euromed.