Le président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, a estimé que la présence, encore faible, de la femme dans les parlements euroméditerranéens commande d’uvrer pour un changement des mentalités dans les sociétés concernées.
Ouvrant, mercredi, au Palais du Bardo une séance de travail sur les structures parlementaires des femmes députées, Ben Jaafar a défendu la pertinence du choix de la parité appliqué lors de l’élection des députés de l’Assemblée nationale constituante, en octobre 2011, ce qui a permis à 64 députées d’y siéger et de participer ainsi à la vie politique et au processus décisionnel.
“Au-delà de l’avènement d’une structure de femmes parlementaires, le plus important est de savoir jusqu’à quel point cette dernière pourra contribuer à la réussite de ce qui reste encore à faire à l’Assemblée constituante”, minimisant les craintes éprouvées par certaines composantes de la société civile et par nombre de partis et associations féminines quant à une éventuelle remise en cause des acquis. Ben Jaafar se dit persuadé que la nouvelle Constitution dissipera ces craintes.
Evoquant de son côté les volets de la coopération de son organisation avec la Tunisie post-révolution, le représentant de l’OSCE (Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), Marcin Walecki, a estimé que les structures parlementaires de femmes pourraient être une force de pression dans les parlements pour mieux défendre et consolider les acquis. Il a, également, fait un tour d’horizon d’expériences de transition démocratique dans certains pays ayant connu un destin semblable à celui vécu actuellement par la Tunisie, et surtout des difficultés et des défis comparables.
Exposant une étude comparée sur les structures parlementaires de femmes députées, la représentante du bureau des institutions démocratiques et des droits de l’Homme relevant de l’OSCE, Ajla Van Heel, a expliqué que la vocation de telles structures consiste surtout à consacrer l’égalité entre les genres dans les lois et les politiques, à conforter la représentation équitable des femmes au seins des institutions parlementaires et à veiller aux aspects égalitaires dans les lois parlementaires.
Au nombre des défis qui se dressent devant la constitution de groupes parlementaires de femmes, elle a cité la polarisation politique, le manque de ressources et la discrimination contre la femme dans les parlements.
Quant à la première vice-présidente de l’Assemblée nationale constituante, Meherzia Labidi, elle a souligné que le progrès des sociétés se mesure à l’aune de l’évolution de la condition de la femme, précisant que le projet de création d’une structure parlementaire de femmes députées vise à accroître l’apport des femmes parlementaires à la rédaction de la nouvelle constitution et au renforcement des acquis de la femme dans les futures lois, outre la réunion des conditions d’interaction de ce groupe avec le gouvernement, les partis et les composantes de la société civile.
Intervenant à son tour dans le débat, la présidente de la commission des droits de la femme à l’assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée, Samira Merai, a indiqué que la vocation première des structures de femmes parlementaires consiste à faire face aux conditions difficiles dont pâtit la femme dans l’ensemble des pays de la région, à garantir ses droits politiques, sociaux et culturels et à consacrer la pleine égalité avec l’homme dans les constitutions et les lois et à combattre la violence faite aux femmes, surtout dans le contexte de la montée de l’extrémisme, outre l’accroissement de sa participation à la définition des politiques sociales, économiques et culturelles dans son pays.