La première finale de la Ligue des champions entre deux clubs allemands opposera samedi une vieille puissance continentale, le Bayern Munich, à un club en renouveau depuis quelques années, le Borussia Dortmund, et l’enjeu va au-delà du seul titre européen.
Quatre fois champion d’Europe, le Bayern est le plus riche des clubs allemands, le plus titré aussi. Son rival Dortmund a été sacré en Ligue des champions en 1997 mais il a été au bord de la banqueroute en 2005 avant de renaître. La renaissance du club de la Ruhr porte un nom, celui de son jeune entraîneur Jürgen Klopp qui, en misant notamment sur les joueurs formés au club, a fait vaciller les Bavarois et les a privés du titre en Bundesliga ces deux dernières années.
Le Bayern a repris son bien cette année de façon magistrale, faisant tomber l’un après l’autre les records et s’assurant le sacre national à six journées de la fin de la Bundesliga. A l’heure d’affirmer un peu plus encore leur autorité sur Dortmund, les hommes de Jupp Heynckes sont aussi désireux d’effacer, dans le cadre majestueux de Wembley, les souvenirs des échecs européens de 2010 et 2012. Battu par l’Inter Milan il y a trois ans, le Bayern a cédé aux tirs au but devant Chelsea l’année dernière après avoir dominé une finale disputée dans son Allianz Arena.
Un an après cette amère défaite, le Bayern a pris la forme d’une mécanique quasi inébranlable et peut réaliser un triplé sans précédent pour un club allemand puisqu’il disputera dans dix jours la finale de la Coupe nationale. “Etre capable de se relever après une telle défaite en finale l’année dernière montre que mes joueurs ne sont pas faits du même bois que les autres”, a dit Heynckes, qui laissera sa place la saison prochaine à l’ancien barcelonais Pep Guardiola.
“C’est pourquoi je suis convaincu que nous allons soulever le trophée. Nous avons une force mentale incroyable, on ne peut pas nous renverser.” Si le Bayern n’est pas une équipe de vétérans comme pouvait l’être Chelsea l’année dernière avec ses trentenaires John Terry, Frank Lampard ou Didier Drogba, plusieurs de ses figures jouent sans doute là une de leurs dernières cartes européennes.
Le milieu de terrain Bastian Schweinsteiger, le capitaine et défenseur Philip Lahm approchent les 30 ans et, comme Franck Ribéry ou Arjen Robben, ont déjà suffisamment perdu de finales pour ne pas laisser passer leur chance une nouvelle fois. Pour le Borussia Dortmund et sa colonie de joueurs dont l’avenir s’annonce doré, cette finale est avant tout l’apogée de trois années exceptionnelles, marquées par le titre de champion d’Allemagne 2011 et le doublé Coupe- Bundesliga 2012. Ces médailles ont leur revers pour le Borussia, dont les meilleurs joueurs sont convoités par plus riches, à commencer par Robert Lewandowski, auteur d’un quadruplé retentissant en demi-finale.
La réussite de cette équipe qui avait péché par inexpérience l’an dernier en se faisant éliminer en phase de poules, mais dont le football rapide et offensif a enthousiasmé l’Europe, a parfois surpris jusque dans ses propres rangs. “Si quelqu’un m’avait dit avant la saison qu’on jouerait la finale, je l’aurais pas cru”, reconnaît le milieu polonais Jakub Blaszczykowski.
“Pour nous, les joueurs et l’ensemble du club, c’est un grand événement. Peu d’entre nous ont eu la chance de jouer une finale comme celle-là. C’est l’apogée de notre bonne saison en Ligue des champions.” Seul manquera à ce rendez-vous le talentueux meneur de jeu Mario G?tze, privé de la finale par une blessure musculaire que certains soupçonnent d’être diplomatique, à quelques semaines de son départ pour le Bayern Munich, annoncé au lendemain des demi-finales.