Le chef du gouvernement provisoire Ali Larayedh, a souligné l’impératif qu’il y a, pour le courant salafiste, « de se déterminer clairement par rapport à la violence et au terrorisme », appelant cette mouvance à « se conformer aux lois du pays et à respecter l’Etat et les exigences de l’activité légale ».
S’exprimant, jeudi, lors d’une conférence de presse tenue au Palais du gouvernement à la Kasbah, il a déclaré en substance: « Le courant salafiste embrasse un large éventail. Si une grande partie de ses membres respecte l’Etat et les exigences de la loi, il n’en va pas de même pour d’autres.
De petits groupes qui en font partie se sont signalés par leur recours fréquent à la violence et certains de ses dirigeants et membres ont trempé dans la pratique du terrorisme ».
Le chef du gouvernement a insisté sur le fait que l’Etat est responsable du maintien de l’ordre et qu’il continuera à « traquer quiconque ferait usage de la violence, pratiquerait le terrorisme ou aurait un rapport quelconque avec le terrorisme ». Pour autant, a-t-il objecté, « l’Etat n’inquiètera personne pour ses idées ou ses croyances ».
S’agissant des évènements du massif du Chaambi, il a fait remarquer que le principe général communément admis consiste à pourchasser partout quiconque pratique le terrorisme mais qu’il serait totalement déplacé d’interpréter cela comme l’expression d’une volonté de s’en prendre à l’islam ou aux croyances des musulmans.
Le courant d’Ansar Charia est « une organisation illégale qui a pratiqué la violence contre des mausolées, des locaux sécuritaires et des personnes. Certains de ses dirigeants sont impliqués dans le terrorisme mais l’Etat se comporte à leur égard en fonction des prescriptions de la loi », a encore martelé Ali Larayedh.
« Ce courant a encore la latitude, mais guère pour longtemps, d’adopter une position claire condamnant le terrorisme et d’agir dans la légalité au même titre que les partis, associations et autres organisations », a-t-il ajouté. A propos de la remise en liberté de certains individus impliqués dans les troubles de dimanche dernier à la Cité Ettadhamen, le chef du gouvernement a indiqué qu’une telle décision relève de la compétence d’une justice indépendante qui rend ses arrêts au vu des pièces des dossiers de saisine, précisant, par ailleurs, qu’Abou Iyadh, de son vrai nom Seifallah Ben Hussein Mokni « est impliqué dans des affaires terroristes et à ce titre recherché et traqué par les unités sécuritaires ».
En réponse à une question se rapportant à la loi sur le terrorisme, Ali Larayedh a dit que cette loi de 2003 est anticonstitutionnelle mais qu’elle n’a pas été abrogée, réaffirmant l’engagement de l’Etat à garantir à toutes les personnes interpellées un traitement respectueux du droit, des droits de l’Homme et des exigences d’un procès équitable. Il a également laissé entendre que la loi dite anti-terroriste sera amendée « de manière à se mettre en conformité avec les conventions internationales et à protéger les droits humains ».
A la question de savoir ce qu’il pense des « tentes de prédication », le chef du gouvernement les a assimilées à « une activité culturelle acceptable qui doit être protégée par la loi pour peu que leurs organisateurs se conforment aux dispositions légales ». Mais en cas de violation des lois ou de comportement qui indisposerait les gens, la loi suivra son cours, a-t-il précisé.
Evoquant les dédommagements des victimes de l’arbitraire, il a souligné la nécessité pour l’Etat de mettre en uvre les modalités pour reconnaître les abus subis par les gens concernés et réparer les préjudices qui leur avaient été causés « afin que de telles choses ne se reproduiront plus ».
Evoquant le volet économique, Ali Larayedh a indiqué que la dette publique représentait en 2013 45,7 %, un taux qu’il juge « normal parce que ne posant pas de problème particulier », précisant qu’un tel niveau d’endettement ne pourra baisser que lorsque s’améliorera la conjoncture sécuritaire, politique et sociale.
Pour ce qui du prêt en cours de négociation avec le FMI, Larayedh a fait valoir que cette institution avait intégré la dimension sociale dans ses procédures d’octroi de crédits, qualifiant d’« acceptables » les conditions dont sera assorti le prêt du FMI en termes de taux d’intérêt et de période de grâce. Il a aussi assuré que les réformes demandées par cette institution sont déjà engagées dans nombre de secteurs.