Les entrepreneurs et responsables de sociétés de forage d’eau ont observé, lundi, un sit-in devant le ministère de l’agriculture pour attirer l’attention sur le danger de «faillite» qui menacent leurs entreprises.
Ils revendiquent aussi, à travers cette manifestation, la rétribution de leurs dus restés impayés durant 9 mois selon leurs dires. Le président de la Chambre syndicale nationale des entreprises de forage d’eau (CSNEFE) Abdelfattah El Mkawer, a déclaré, à TAP, que le secteur est en état de «mort clinique» et que les 102 sociétés spécialisées dans le forage sont, aujourd’hui, menacées de «faillite», ce qui condamnera 3000 familles à la misère.
El Mkawer a accusé la direction générale des ressources hydrauliques de «bloquer, exprès, les travaux des entreprises de forage et de donner des instructions non conformes aux dispositions du cahier des charges régissant le secteur».
Il a ajouté, dans ce sens, que l’objectif de cette démarche «est d’ouvrir, progressivement la voie aux entreprises étrangères au détriment des sociétés locales ».
Il estime que ce sit-in est aussi organisé pour protester contre «la politique du directeur général des ressources hydrauliques qui n’a pas l’intention de renouveler les cartes professionnelles au profit des petits entrepreneurs sous prétexte que leurs équipements ne sont pas performants et sont fabriqués localement ».
Pourtant, d’après lui, chaque société du secteur emploie, au moins, 30 personnes et les petites entreprises sont menacées, plus que les autres, de « faillite ». Les entreprises de forage ont réalisé environ 60 000 puits, jusqu’à ce jour, a-t-il dit, reprochant au ministère de l’agriculture de ne pas payer les « dus » des entrepreneurs pour les 9 derniers mois.
Il a aussi rappelé que la moyenne de forage des puits, estimée jusqu’à 2011, à 800 puits par an, a été réduite à presque la moitié, actuellement, en raison des problèmes rencontrés. En ce qui concerne les mesures prises par le département de l’agriculture, il a rappelé que ce dernier a ordonné la création d’une commission pour résoudre les problèmes du secteur et trouver des solutions aux différends entre les entrepreneurs et la direction générale.
Or, les décisions de cette commission, composée de 1 représentant des entreprises de forage et 5 de l’administration, n’ont pas été appliquées jusqu’à ce jour. De son côté, Sofiène Taktak, directeur général de la société tunisienne des équipements hydrauliques a affirmé que le secteur a déjà tiré la sonnette d’alarme depuis 2011 et 2012, relevant que les entrepreneurs ont continué à travailler malgré des circonstances difficiles et un climat d’insécurité après la révolution. D’après lui, sa société, perçue comme l’une des grandes entreprises du secteur est aujourd’hui menacée d’arrêt.
Mohamed Bouasker, représentant d’une société de forage à Sousse, estime, lui, que «les entreprises tunisiennes de forage vont être ruinées, si des mesures sérieuses ne sont pas prises pour résoudre leurs problèmes ».
«L’Etat doit compter sur ses ressources et ses compétences locales dans ce contexte marqué par l’augmentation du taux d’inflation», a-t-il dit, relevant qu’il faut «plutôt restructurer les sociétés locales que de recourir aux entreprises étrangères plus coûteuses pour notre économie».
Joint au téléphone par TAP, le directeur général des ressources hydraulique, Moncef Rkaya a déclaré que «seulement deux sociétés n’ont pas reçu leurs dus en raison de dysfonctionnement au niveau de la réalisation des puits.
Il a ajouté que «ces deux sociétés sont appelées à réparer ses dysfonctionnements pour avoir leurs rétributions et au cas contraire, il y aura recours à la justice, tel que mentionné dans le cahier des charges». En ce qui concerne le recours aux sociétés étrangères, il a expliqué que le ministère a déjà lancé un appel d’offres international pour le forage de 32 puits d’une profondeur de 400 à 2400 mètres, mais aucune candidature n’a été déposée et aucun accord n’a été conclu dans ce cadre.
«Cet appel d’offres est ouvert aux sociétés tunisiennes », a-t-il dit. D’après lui, l’ouverture du secteur à la concurrence étrangère ne manquera pas de contribuer à la réduction des prix de forage des puits après le retrait, depuis 2008, de l’Agence nationale de forage, qui jouait le rôle de régulateur des prix.
Le responsable a indiqué, en outre, que le ministère a entamé, en concertation avec la Chambre syndicale, une opération de restructuration du secteur à travers la révision des textes de lois pour l’octroi des cartes professionnelles et aussi la révision du cahier des charges concernant le forage des puits. M. Abdelfattah Mkawer avait déclaré à TAP, durant la même journée, que 5 membres représentants la chambre syndicale nationale des entreprises de forage d’eau vont rencontrer, cet après-midi (lundi) le ministre de l’agriculture pour discuter des problématiques du secteur.