La crise de Jbel Chaambi a mis à nu l’incompétence et l’irresponsabilité de tous ceux qui ont participé au démantèlement de nos services de renseignements. En effet, l’amateurisme de certains a provoqué l’effondrement de la capacité d’anticipation de nos forces de sécurité intérieure.
Une enquête indépendante doit être diligentée pour déterminer les acteurs ayant influencé la décision de l’effritement de notre système de lutte contre le terrorisme et les menaces étrangères.
Une Centrale Républicaine de Renseignent (CRR) totalement indépendante ne relève pas d’un luxe que seuls les pays riches peuvent s’offrir. Au contraire, il faut la considérer comme condition essentielle à l’existence d’un Etat républicain, réellement démocratique. Un FBI tunisien est un besoin urgent car notre pays est réellement menacé par le terrorisme international jihadiste surtout que notre voisin du Sud est en train de se « somaliser » chaque jour un peu plus. Rien n’indique que la Libye pourra se structurer pour former un Etat organisé, capable d’éliminer les hors-la-loi et les jihadistes.
La Libye est appelé à jouer le rôle de la Somalie dans les prochaines décennies pour « garantir » la déstabilisation de la région arabe et de l’Afrique. La Somalie étant géographiquement éloignée de l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne est devenue peu intéressante sur ce plan d’autant les jihadistes se sont convertis en pirates redoutables. Le Premier ministre britannique, Cameron, a bien compris cette nouvelle donne et cherche à convaincre ses alliés européens et américains de son plan de sécurisation de la Somalie ! Sa Conférence sur la Somalie est un point de départ pour la délocalisation du «vivrier» du terrorisme international vers Libye.
Par le plan de pacification de la Somalie, Cameron cherche avant tout de mettre fin aux attaques de piraterie commises le long des côtes de la Somalie et nullement d’anéantir le terrorisme. La sécurité du « Monde libre » exige maintenant le démantèlement du jihadisme mafieux qui a vu le jour dans ce pays abandonné depuis plus de deux décennies.
Il n’est secret pour personne que notre voisin de l’Ouest lui aussi est menacé d’un complot extérieur sous la forme d’un « Eté berbère ». Le régime algérien est contraint de se défendre par tous les moyens disponibles. Cette situation explosive au niveau régional augmentera l’insécurité de notre pays et le mettra en grande difficulté sécuritaire.
Israël, entité hors-la-loi, lui aussi a des intérêts pour déstabiliser notre pays par l’intermédiaire de traites jihadistes pour asseoir définitivement son hégémonie sur l’Afrique du Nord.
Toutes ces raisons nous obligent à nous équiper en matière de renseignements pour prévenir les sabotages et les opérations terroristes. Seul un organisme public disposant de moyens humains, logistiques et financiers serait à même de mettre la Tunisie à l’abri du terrorisme et du désordre ravageur.
Les missions de la CRR devront s’inspirer des agences prestigieuses de renseignement comme le FBI américain et la DCRI française. Le CRR devra avoir le mandat suivant :
(i) Prévention contre le terrorisme et de tout acte « visant à porter atteinte à l’autorité de l’État et la sécurité des tunisiens et tunisiennes et les étrangers vivant sur le territoire tunisien.
(ii) lutte contre le crime organisé localement et sur le plan régional.
(iii) Combat contre le blanchiment d’argent sale et le trafic-commerce de la drogue. Deux phénomènes qui commencent à prendre de l’ampleur dans notre pays et alimentent les finances jihadistes.
(iv) Arrêt de l’exportation illégale de notre patrimoine historique qui atterrit en général en Israël et dans certains pays du golfe.
(v) Préservation de notre patrimoine biologique et génétique contre le vol et le trafic de tout genre, phénomène qui commence à prendre de l’ampleur.
Cette agence doit être indépendante de l’exécutif. Sa place serait au barycentre de trois pouvoirs, gérée par un conseil d’Administration formé par une dizaine de représentants des institutions républicaines et dirigé par une compétence confirmée proposée par les trois présidents. Cette candidature doit approuvée ion par 2/3 des députés d’une telle proposition.
Retarder/refuser la mise en place d’une telle institution en évoquant des arguments boiteux comme les risques sur les libertés individuelles constitue une atteinte à souveraineté de l’Etat, mettra en péril la sécurité des citoyens et citoyennes et participer à l’effondrement de notre économie.
L’institution militaire, compte de son rôle prépondérant dans la sécurisation du territoire, est appelée à organiser dans les meilleurs délais des « Assises nationales de la sécurité stratégique ». Cette manifestation doit faire le point sur la situation sécuritaire dans le pays, analyser-évaluer le système actuel en matière de sécurité stratégique et aider à la mise en place d’une approche systémique afin de croiser les variables, d’envisager les besoins et apporter les réponses.
La Tunisie doit reprendre la pensée-planification stratégique. Nous disposons des compétences confirmées en la matière qui peuvent apporter à la Nation des idées et des options à la hauteur du défit. La crise de Jbel Chaambi est une bonne opportunité pour la Nation afin de se structurer pour « Anticiper les ruptures, toutes les ruptures ».
Pour terminer, la Tunisie sera plus forte, au moindre coût, en mettant en place un véritable FBI tunisien, républicain, citoyen, intelligent, doté d’une capacité d’espionnage capable d’assurer à la Tunisie son indépendance, sa souveraineté et son intégrité territoriale. Autrement dit, le peuple tunisien exige un système fiable, pérenne en matière de défense et de sécurité répondant aux attentes de la République.