Le ministre-conseiller auprès du chef du gouvernement Noureddine Bhiri a souligné qu’il « est vain de parler de démocratie en l’absence d’une presse libre, impartiale et à même de remplir sa fonction sans entraves, de jouer pleinement son rôle d’observateur, de pourvoyeur de nouvelles et de porte-voix du citoyen, mais aussi une presse prompte à alerter l’opinion publique sur les éventuels périls, abus, dysfonctionnements et dérapages ». Il a également nié toute intention du gouvernement « de domestiquer la presse et d’en faire une presse aux ordres ».
Noureddine Bhiri s’exprimait à l’ouverture, mardi matin à Tunis, du séminaire sur le thème « Agence de presse: liberté d’information et éthique professionnelle » organisé à l’initiative de l’agence Tunis-Afrique-Presse et de la Fondation Konrad Adenauer-Stiftung. Le gouvernement, a-t-il dit, « ne veut pas d’une presse soumise et amorphe.
Il préfère avoir à supporter certains abus à une telle situation, en espérant que le secteur puisse faire sa propre réforme de l’intérieur et à la cadence souhaitée, ce qui commande beaucoup d’effort ».
« Il est de l’intérêt de la Tunisie et du gouvernement élu et il y va aussi de celui du peuple, toutes couches sociales et composantes confondues, qu’il y ait des entreprises de presse libres, indépendantes et neutres », a-t-il encore déclaré, faisant état de la mise en place de la Haute instance de la communication audiovisuelle (HAICA) et de l’activation du décret-loi 115, outre le renforcement du dialogue entre les entreprises de presse et le gouvernement pour identifier les lacunes et y remédier, en particulier dans le service public.
Le ministre a souligné l’opportunité qu’il y avait d’organiser un tel séminaire qui, dit-il, se tient à un moment où la Tunisie met les bouchées doubles pour « parvenir à un consensus sur une Constitution censée marquée l’avenir du pays pour des décennies », mais aussi à une période cruciale au cours de laquelle le pays est en pleine gestation dans les différentes régions et dans tous les secteurs, à l’image de ceux de la presse et de la magistrature. Pour Bhiri, la presse a un rôle de premier plan à jouer pour « contribuer à faire aboutir le processus de transition et construire l’Etat démocratique protecteur de la liberté d’expression et de création, à la faveur de la conjonction des efforts de tous ».
Le président-directeur général de l’agence Tunis-Afrique- Presse, Mohamed Taïeb Youssefi, avait auparavant souligné que « la liberté de la presse représente un des principaux acquis de la révolution et un attribut essentiel, irréversible et non négociable de l’édifice démocratique pluraliste ».
« La révolution tunisienne a affranchi la presse nationale des entraves tutélaires et de l’asservissement, lui a ouvert toute grande la voie de la liberté d’opinion et d’expression et l’a dotée de nouvelles opportunités d’exceller et de fournir le “plus” attendu d’elle ».
Après avoir mis en évidence le rôle charnière du service public de la presse en matière de consécration des attributs d’une presse libre, impartiale et surtout respectueuse des standards internationaux communément admis et des règles de professionnalisme et de déontologie, Youssefi a indiqué que « l’agence TAP est la motrice de la presse publique et la principal pourvoyeur d’information de tous les médias ».
Ce statut de la TAP, a- t-il dit, « lui fait porter une responsabilité considérable pour ce qui est de consacrer le concept de service public, de se conformer aux critères de compétence et de professionnalisme et de contribuer à promouvoir le paysage médiatique ».
Il a assuré que, grâce à la conjonction des efforts de ses filles et fils, « l’agence aura toujours à cur à remplir au mieux son rôle, dans le culte de l’honneur et de la déontologie de la profession et dans le contexte de la mise en route d’un plan cohérent fondé sur l’adoption d’un nouveau système de gestion des dépêches, la numérisation de l’important fonds photographique de l’agence et la protection de sa propriété intellectuelle.
De l’avis du président-directeur général de l’agence TAP, le développement de l’apport du secteur public de la presse commande surtout d’aller de l’avant sur la voie des réformes juridiques et structurelles, du renforcement du mécanisme d’autorégulation des entreprises et du renforcement de la formation et du recyclage, sans compter la mise à profit des expériences comparées et l’affermissement de la coopération et du partenariat.
De son côté, le Représentant Résident de la Fondation Konrad Adenauer à Tunis, Hardy Ostry a souligné le rôle dévolu aux médias en matière de mise en place des attributs de la démocratie ce qui commande, selon lui, de protéger le journaliste et de soutenir son droit au libre accès aux sources d’information.
« Dans le contexte des révolutions et en période de transition démocratique, le journaliste se bat pour la liberté d’expression », a-t-il dit. Il a en outre relevé que la Tunisie a reculé de quatre rangs au classement 2013 de Reporters sans frontières pour se retrouver au 138e rang, deux années après la chute de l’ancien régime. Il a également déploré, dans le même ordre d’idées, les agressions récurrentes contres les journalistes recensées par le Syndicat national des journalistes tunisiens, en l’absence notoire d’un arsenal législatif et structurel organisant le secteur.
« On ne peut pas parler de liberté d’expression sans évoquer la déontologie de la profession qui est le pilier de celle liberté là », a-t-il ajouté, précisant que « la liberté d’expression n’est pas uniquement une revendication de journaliste mais foncièrement une revendication populaire qui concerne la société tout entière ». Le séminaire à laquelle ont été conviés un certain nombre d’experts de l’information et de la communication comporte trois warkshops consacrés respectivement à la liberté d’expression, à la déontologie de la profession et à la propriété intellectuelle.