L’adoption d’un modèle économique basé sur la connaissance et l’innovation peut contribuer à une croissance durable capable de créer des emplois, dont la région arabe et notamment la Tunisie ont grandement besoin, a affirmé M. Jean Eric Aubert, consultant senior au Centre de Marseille pour l’intégration (CMI).
Présentant, vendredi, les principales conclusions du rapport « Transformer les économies arabes : la voie de la connaissance et de l’innovation », M. Aubert a avancé qu’un effort accru en matière d’économie de croissance, soutenu pendant une période suffisamment longue, peut constituer une source importante d’emplois dans les pays arabes dont les systèmes économiques et les régimes politiques ont atteint leur limite.
L’arrivée du printemps arabe a conduit ces pays à revisiter leurs stratégies de croissance et de développement avec la réduction du chômage comme objectif clé, a-t-il indiqué. Selon le rapport présenté, vendredi, dans le cadre d’un atelier organisé par l’UNION tunisienne de l’industrie du commerce et de l’artisant (UTICA) sur « l’économie de la connaissance et de l’innovation : un nouveau modèle de développement pour la Tunisie », « le taux annuel de croissance de la création d’emplois pourrait augmenter de 30%, voire plus, grâce à un effort visant à mettre en place un nouveau modèle économique où la connaissance est acquise, créée, et appliquée pour le développement économique et social ».
Le chômage est incontestablement le principal défi à relever par les pays de la région MENA. En effet, cette zone affiche le taux de chômage des jeunes le plus élevé au monde (25%), le double de la moyenne mondiale, d’ou la nécessité d’adopter de nouveaux dispositifs susceptibles de produire plus d’emplois et d’accroître la productivité et l’innovation dans tous les secteurs de l’économie et de la société, soulignent les auteurs du rapport.
Et d’ajouter que certains pays arabes se sont déjà engagés sur cette voie, en relevant le niveau de leurs ressources humaines, en investissant dans les infrastructures TIC et les réseaux nécessaires pour se connecter à l’économie mondiale, en mettant en place de solides structures Recherche/Développement et en améliorant l’environnement des affaires. D’après M. Aubert, l’économie de la connaissance s’appuie sur quatre piliers fondamentaux :
un régime économique et institutionnel adéquat, une infrastructure d’information dynamique, un système éducatif qui permet de former des compétences capables de créer et de partager la connaissance et de l’utiliser correctement.
Il s’agit, en outre, de mettre en place un système d’innovation capable d’exploiter les connaissances mondiales et de l’adapter aux besoins du pays, précise le responsable. Dans le même contexte, M. Lamine Doghgri, ministre du développement et de la coopération internationale, a estimé que la Tunisie a tous les atouts pour progresser sur la voie de la connaissance et de l’innovation à condition que toutes les parties (secteur public, privé et société civile) adhèrent à cette démarche.
Avec un capital humain important, un secteur privé qui a fait ses preuves et trois mille entreprises étrangères opérant sur son sol, la Tunisie est bien placée pour réussir ce pari, a souligné le ministre, rappelant que les secteurs à hautes composantes de savoir représentent 21% du PIB, alors que les services informatiques et d’offshoring constituent 20% des exportations du pays.