Un groupe de salafistes a attaqué, dimanche dernier, des maisons à «Jebel El Khaoui» près de la forêt de Gammarth à la poursuite de jeunes buveurs d’alcool. D’après différents témoignages, il s’agit d’un groupe d’une cinquantaine de personne qui a poursuivi des consommateurs d’alcool jusque dans les maisons, ce qui a effrayé la population.
Un incident sans gravité, diront les uns. Un incident révélateur de ce que subissent les populations dans les villages et autres quartiers populaires pour d’autres. Ils sont révélateurs de la peur et de la violence qui s’installent face à l’inaction d’un gouvernement qui n’est plus en prise avec sa population.
Zeineb Turki est militante du parti Al Joumhoury. Elle s’est rendue à Jebel Khaoui et affirme que «les femmes parlent d’intimidations quotidiennes qui durent depuis des mois. Les salafistes leur reprochent de ne pas porter de voile et reprochent aux hommes de ne pas être de bons musulmans». La mosquée de Jebel Khaoui est réquisitionnée depuis des mois par ce même groupe qui a destitué l’imam du quartier pourtant apprécié des habitants.
Aida est une des habitantes du village. Son frère se trouve actuellement à l’hôpital suite à l’agression. Quatre blessés sont acheminés à l’hôpital dont un devant être opéré d’une fracture de la jambe. Une pétition est en train d’être signée, mais les habitants ne décolèrent pas. Ils affirment que ces gens «ne sont pas du quartier. On ne les connaissait pas avant la révolution».
Ils accusent Ennahdha de laxisme avec les violences salafistes et Marzouki “de libérer des criminels de prison”. La police était présente en nombre moins important que les attaquants et a réagi trop tardivement. La population estime être abandonnée à son sort: “La police ne peut rien tant que le gouvernement les soutient.
Pour Zeyneb Turki, il ne fait aucun doute que: «Tant que la volonté politique de faire valoir l’Etat de droit n’existe pas, tant que le ministère des Affaires religieuses reste impassible devant des mosquées prises en otage par des groupuscules radicaux, la situation continuera de se détériorer et des évènements plus graves sont à craindre. Il faudra réellement s’occuper sérieusement de ce problème de violences, que celles-ci proviennent des salafistes ou des Ligues de Protection de la Révolution, sinon la situation risque d’empirer».
Une fois encore, l’alerte est donnée par la société civile, les partis politiques, les médias… Faut-il se contenter de dire “A bon entendeur salut!“. Faut-il énumérer les incidents qui se démultiplient et citer en exemple ceux–ci:
- «Des heurts ont éclaté entre marchands d’alcool et musulmans salafistes dans la nuit du 28 octobre 2012 dans des échoppes de Tunis. Un gradé de la police a été blessé.
- Des islamistes de tendance salafiste ont attaqué (en septembre 2012) un hôtel de Sidi Bouzid, parce qu’il proposait de l’alcool à ses clients, a rapporté son propriétaire.
- Des salafistes présumés ont attaqué le bar d’un hôtel à Sbeitla et tenté de mettre le feu à l’établissement …”Une quinzaine d’hommes se sont attaqués à l’hôtel «Le Capitole» ont saccagé le hall, détruit des bouteilles d’alcool, et à défaut d’incendier l’hôtel, ils ont mis le feu à un véhicule en stationnement devant l’établissement…
- Un bar et des installations de sport nautique ont été endommagées dans la station balnéaire rapporte le journal britannique the «Sunday Times» le 8/04/2013.
- Des salafistes extrémistes ont coupé les doigts d’un vendeur d’alcool à Douar Hicher, près de La Manouba, à l’ouest de Tunis (octobre 2012).
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