“Les 20% les plus pauvres de la population ne reçoivent que 37,2% du montant global des transferts directs accordés dans le cadre du PNAFN (Programme National d’Aide aux Familles Nécessiteuses), soit une aide mensuelle de 100 dinars, pour chaque famille nécessiteuse et les 40% les plus pauvres, en reçoivent 60,7%” a indiqué le Centre de recherches et des études sociales (CRES).
Il s’agit là des résultats d’une étude portant sur « l’évaluation de l’impact des subventions universelles et des programmes d’assistance sociale sur les populations pauvres et vulnérables », élaborée par le CRES, en collaboration avec l’INS et avec l’appui de la BAD. Selon un communiqué publié jeudi par le centre, les premiers résultats de l’étude font etat d’une niveau relativement élevé d’erreurs d’identification, puisque «les familles pauvres qui ne bénéficient pas du Programme d’accès aux soins à tarifs réduits (AMG II) représentent 61,9% du nombre total des familles indigentes en Tunisie, et 53,3% des familles vivant sous le seuil de la pauvreté extrême ».
En outre, “48,9% des personnes démunies ne bénéficient ni du Programme National d’Aide aux Familles Nécessiteuses et de l’assistance médicale gratuite (PNAFN-AMG I), ni de l’AMG II”. Malgré toutes ces défaillances, ces transferts sociaux directs contribuent d’après le CRES, “à réduire les taux de pauvreté car s’ils sont supprimés, le taux de pauvreté serait de plus de 16,5% au lieu de 15,5%, et la pauvreté extrême atteindrait des niveaux supérieurs à 5,3%, contre 4,6% actuellement».
Pointant du doigt, un problème de ciblage qui engendre des erreurs d’inclusion (faire bénéficier du programme des familles qui ne sont pas pauvres) et d’exclusion (des familles pauvres qui ne bénéficient pas du programme), le CRES a jugé qu’il est indispensable « d’améliorer la performance du programme d’au moins 50%, si l’on veut atteindre une performance équivalente aux programmes les plus efficaces à l’échelle mondiale (tels que mis en ouvre en Bulgarie, en Argentine, en Albanie ou au Chili)». Ainsi, le Centre a recommandé «de réaliser un diagnostic sérieux sur le niveau réel des erreurs d’identification, qui repose sur une analyse plus approfondie des indicateurs de performance des programmes d’assistance sociale actuels ».
Dans cet objectif, la BAD a accordé au CRES un don de l’ordre de 250 mille euros (500 mille dinars), qui sera réservé au perfectionnement de l’évaluation de la performance du système d’assistance sociale en Tunisie et de sa contribution à l’amélioration du niveau de vie des populations pauvres et vulnérables.