Les participants au symposium international sur “les garanties normatives et institutionnelles de la liberté d’expression” tenu, mardi, à Tunis, ont appelé à ce que soit annoncée, le plus rapidement possible, la composition de la Haute instance de la communication et de l’audiovisuel (HAICA), en application du décret-loi 2011-116.
Cette conférence est organisée à l’initiative de l’Institut arabe des droits de l’Homme, avec le concours de l’Organisation internationale de la francophonie et du Conseil de l’Europe, ainsi que le soutien de la Principauté de Monaco.
Les participants ont mis en évidence l’importance d’un tel organe de régulation pour ce qui d’organiser le secteur de l’audiovisuel, d’autant que le secteur connaît en Tunisie “des abus et autres dysfonctionnements auxquels il doit être remédié avant l’échéance des prochaines élections”.
L’ancien membre de l’INRIC (Instance nationale pour la réforme de l’information et de la communication), représentant de l’ONG Article 19, Hichem Snoussi, impute la détérioration de la situation du secteur médiatique avant la révolution à la nature de la relation entre la presse et le pouvoir, estimant qu’on ne saurait parler de réforme du secteur tant que cette relation n’est pas juridiquement et clairement définie.
Il a, en outre, critiqué les pratiques du pouvoir en place qu’il accuse de chercher à “domestiquer et s’approprier la presse” comme le suggèrent, selon lui, la manière dont avait été négligé le rapport de l’INRIC, la mise en doute de la viabilité de son plan de réforme et l’organisation de “consultations parallèles”, sans compter “les entorses évidentes” constatées dans le premier et le deuxième drafts de la Constitution en ce qui concerne les droits de l’Homme et la liberté d’expression.
Hervé Barraquand, spécialiste du programme “Liberté de la presse et pluralisme des médias” de l’Organisation internationale de la francophonie, relève de son côté que 75% des pays francophones disposent d’organes de régulation de l’audiovisuel dont le succès est, selon lui, tributaire de leur autonomie matérielle et de la définition claire de leurs attributions.
L’ancien membre de l’Instance nationale pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, Mustapha Beltaïef, estime indispensable de mettre la HAICA à l’abri de l’hégémonie de quelque pouvoir politique que ce soit et des pressions des lobbies économiques et financiers, appelant à ce que cette instance soit dotée de pouvoirs de décision et de contentieux.
Pour l’ancien président de la haute instance marocaine de l’audiovisuel, Ahmed Ghazali, il ne suffit pas de promulguer des lois pour assurer le succès d’une instance de régulation de l’audiovisuel, estimant qu’il existe des “clés du succès” pour qu’une telle instance soit un moteur du changement, parmi lesquels les prérogatives législatives et de régulation de l’instance.
Cette conférence prévue pour deux jours avec la participation d’experts et universitaires arabes et étrangers donnera lieu à des débats sur les médias publics en Tunisie et à la présentation d’analyses comparées sur le concept de service public dans les médias.