«Soutenir la simplification de la comptabilité pour que le contrôle de l’impôt soit possible, rendre public la contribution fiscale des sociétés, appliquer l’impôt sur la fortune et lever le secret bancaire », telles sont les recommandations avancées par Mme Neila Hamami, cadre à la retraite du ministère de Finances. Ces mesures permettront, selon elle, de « faire face au phénomène de la corruption».
Intervenant, jeudi, lors d’une conférence sur le thème « principes éthiques pour une économie juste», tenue dans le cadre du «FSM-2013» (du 23 au 30 mars 2013), Mme Hamami a estimé que la corruption est le problème majeur auquel sont confrontés les pays en voie de développement, dont la Tunisie.
« Etant donné que notre pays est dépourvu de richesses naturelles (pétrole ), les caisses de l’Etat sont financées surtout par la fiscalité. Or, les recettes fiscales restent réduites, en raison de la propagation du phénomène de corruption, que ce soit au niveau national ou trans- national », a-t-elle souligné.
D’après elle, les sociétés off-shore, et notamment les compagnies pétrolières, “pratiquent différents types de détournement pour échapper au paiement effectif de la fiscalité, dont le gonflement des factures, la comptabilisation des prestations diverses (expertises, études ) et la multiplication des filiales pour compliquer la détection des fraudes”. Evoquant le problème de l’endettement, M. Nassim Djaziri, membre de l’association ACET (Audit des créances européennes envers la Tunisie) a insisté sur l’impératif d’adopter un moratoire pour les dettes tunisiennes, soulignant que ces dettes ont été contractées par l’ancien régime et n’ont pas bénéficié au développement du pays.
Il a fait savoir qu’un nombre de pays est parvenu à bénéficier de ce dispositif, citant le cas de l’Equateur qui a réussi à mettre en place, en 2008, une commission d’audit de la dette, et à annuler une partie importante de ses dettes. Dans le même contexte, M. Iyed Jalouali, chercheur au Centre international de recherche en intelligence de développement (CERID), a affirmé que plusieurs Etats sont devenus ‘esclaves de la dette’, puisqu’ils demeurent dépendants de leurs créances qu’ils ne pourront jamais régler. «Les dettes des pays les plus pauvres sont estimées à plus de 150 milliards de dollars, soit l’équivalent du total de leurs exportations pour trois années successives », a ajouté le chercheur, estimant que les Etats qui se trouvent dans cette situation, doivent dépasser le simple rééchelonnement et obtenir l’annulation définitive de leurs dettes.