L’observatoire national ILEF pour la protection du consommateur et du contribuable a décidé de porter plainte contre le ministère des Affaires de la femme et de la famille “pour négligence caractérisée en matière de protection de l’enfance contre les traitements inhumains”.
Le président de l’Observatoire, Abdeljalil Dhahri a indiqué, dans une déclaration à l’agence TAP, que des avocats ont été commis pour diligenter les procédures à cet effet. M. Dhahri a annoncé une autre décision de l’Observatoire consistant à saisir le Bureau de l’UNICEF à Tunis et le Bureau du Haut commissariat pour les droits de l’Homme d’une deuxième plainte “pour négligence volontaire envers les enfants de Tunisie, violation de leurs droits et occultation des conventions internationales ratifiées par la République Tunisienne dans le domaine de la protection des droits de l’enfant”.
La décision du Bureau exécutif de l’Observatoire, a-t-il dit, procède de sa vocation consistant à fournir des prestations de services aux citoyens et à dénoncer les cas de prévarication et de corruption, sans compter les cas de viol enregistrés dans nombre de centres en charge de l’enfance, dont celui, tout récemment, d’une fillette âgée d’à peine 3 ans dans un jardin d’enfants de la Marsa.
Selon Dhahri, cette plainte judiciaire s’appuie sur l’article 20 du Code de protection de l’enfant (portant sur tout ce qui pourrait menacer la santé de l’enfant et son intégrité physique ou morale) et intervient à la suite de la négligence volontaire du ministère de tutelle. Ceci d’autant que l’Observatoire, a-t-il dit, “a reçu des dossiers faisant état de graves dysfonctionnements et abus moraux dans les établissements de l’enfance, y compris des cas de viol et de harcèlement sexuel dans les centres intégrés de protection de l’enfance à Sidi Thabet, Radès et Bizerte”.
Il a indiqué que l’Observatoire avait, à plusieurs reprises, attiré l’attention de la ministre des Affaires de la femme et de l’enfance sur la nécessité d’activer les mécanismes de contrôle et d’encadrement au vu du phénomène récurrent d’installation anarchique de jardins d’enfants. “Quelque 1500 établissements accueillent des enfants dans l’illégalité et sans se conformer aux standards pédagogiques et d’hygiène pourtant consignés dans les cahiers des charges, ce qui met en péril le secteur de l’enfance en Tunisie”, a-t-il ajouté.
S’agissant précisément des cas de viol et de harcèlement sexuel, l’Observatoire est en possession de dossiers documentés, comportant des témoignages de membres du personnel éducatif de ces centres, a encore déclaré Dhahri, faisant remarquer que le ministère de tutelle, pourtant au courant de ces abus, n’avait pris aucune mesure pour engager des poursuites contre les mis en cause. “Au contraire, le ministère a recouru à la politique de la pression psychologique sur les équipes de ces centres”, selon ses propres termes. L’absence de mesures légales fermes face à ces abus est de nature à mettre en danger les droits de l’enfant en Tunisie et accroître le nombre d’enfants victimes de violations”, a averti le président d’ILEF.