Dans une lettre ouverte aux “trois présidences”, en date du 25 mars 2013, le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT), l’instance nationale de réforme de l’information et la communication (INRIC) et le syndicat général de la culture et de l’information ont fait porter au Président de la République et à ses conseillers la responsabilité du retard dans la création de la Haute instance indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA), ainsi que les tentatives de mainmise sur cette instance.
Les trois structures dénoncent l’ingérence des partis de la Troïka dans ce dossier qui devrait, en principe, être épargné par les calculs étriqués et partisans, selon cette lettre. Elles expriment également à l’opinion publique leur rejet de principe et leur boycott de la composition de cette instance, en cas de non respect des conditions et critères stipulés par le décret-loi n° 116 de l’année 2011. ces structures se réservent également le droit de recourir au tribunal administratif.
Les parties signataires de cette lettre ouverte se disent, par ailleurs, convaincues que la manière avec laquelle est géré le dossier du décret-loi 116 et les tentatives de faire perdurer le vide législatif et de l’exploiter permettent de déduire que la poursuite de l’anarchie dans le secteur de la communication audiovisuelle et l’apparition de nombreuses radios et chaînes de télévision de façon illégale et moyennant des financements d’origine inconnue ne sont qu’un avant-goût de la stratégie visant à créer une situation ingérable.
Ils ont, également, prévenu l’opinion publique qu’elle ne pourra jamais bénéficier d’une information libre, plurielle et respectueuse de sa déontologie, en l’absence d’une instance de régulation de la communication audiovisuelle qui soit indépendante.
La lettre ouverte a, également, rappelé que le gouvernement avait, à la suite de la grève générale des journalistes du 17 octobre 2012, annoncé sa décision de mettre en application le décret-loi 116 et de l’optimiser. La présidence de la république avait, pour sa part, demandé aux structures concernées de présenter leurs candidats devant former la HAICA et avait fixé, au 10 décembre 2012, l’annonce de sa composition. Rien n’a été fait depuis, laissant la porte ouverte aux tergiversations et aux fausses annonces de la composition de cette structure.
Les signataires ajoutent que tous les efforts déployés, les multiples séances de travail avec les représentants de la présidence de la République, du gouvernement et de l’Assemblée nationale constituante ont fait long feu, pour permettre l’apparition d’une commission issue des partis de la Troïka qui a procédé, dans le non respect total des dispositions du décret-loi 116, à l’étude des candidatures présentées par les structures légalement concernées et au remplacement de certains journalistes qui ont été, ainsi, écartés de façon illégale et arbitraire.
Cette commission, ajoutent les signataires, s’est arrogé des droits inexistants, se permettant d’évaluer les candidats sur la base de considérations partisanes et idéologiques. Beaucoup de noms ont été par la suite exclus du processus malgré leur expertise, leur probité et leur indépendance, pour être remplacés par d’autres réputés pour leur allégeance à certains partis, au détriment de la liberté d’expression, précise cette lettre ouverte.