Affecté comme tous les autres secteurs par les grandes transitions opérées partout dans le monde, l’enseignement supérieur fait, aujourd’hui, l’objet de grands questionnements.
Quel enjeux et quels défis ?, quelle configuration pour l’université du 21è siècle ? Comment peut on permettre à des profanes de s’associer à la réflexion sur des questions attenant à la vie académique ?
Certains avancent le concept d’université citoyenne ou populaire pour rompre avec le « capitalisme académique », ou encore « l’université hors sol » qui est au service de l’économie mondialisée. Si dans certains pays comme la Tunisie, l’enseignement est gratuit, les opportunités d’accéder au marché de l’emploi ne sont plus équitables pour tous.
Certains parlent de « crise mondiale des structures du savoir ». Dans les pays développés comme dans les pays émergents la réflexion sur l’enseignement supérieur, porte pour l’essentiel sur les moyens de rapprocher, au mieux, entre les priorités de l’université et les réelles préoccupations des citoyens.
Une rencontre de deux jours a démarré jeudi à Carthage sous le haut patronage de la présidence de la république en collaboration avec, notamment, l’Institut tunisien des études stratégiques (ITES), le réseau mondial des petits débrouillards et la Fondation française Charles Léopard Mayer pour le progrès de l’homme, sur le thème « éducation supérieure et transitions mondiales ». L’objectif de la rencontre est de sortir avec des recommandations comportant des plans d’actions concrets pouvant inspirer la réforme du secteur en Tunisie.
Il s’agit, également, de concevoir de nouvelles stratégies de coopération internationales entre établissements universitaires et société civile. Pour le directeur de l’ITES, Tarek Kahlaoui, en Tunisie, l’ascension professionnelle et sociale n’est plus forcément liée, et ce, depuis une bonne dizaine d’années, à la réussite dans les études. Le même constat a été fait par M. Elie Faroult, du réseau mondial des petits débrouillards qui a évoqué la difficulté pour les diplômés d’accéder au marché de l’emploi en France et la baisse des ressources allouées à la recherche, notamment, en sciences humaines et sociales, d’où l’idée de création de ce réseau pour essayer d’apporter des visions alternatives.
Le système universitaire fonctionne en « vase clos » avec des gens qui se considèrent les seuls détenteurs du savoir et de l’autre coté, une société qui revendique son droit au débat sur le secteur, a-t-il relevé. Dr Adel Selmi, chargé de recherches socio-anthropologiques à l’ITES, a fait un exposé sur l’historique de l’enseignement supérieur en Tunisie, depuis l’indépendance où il était conçu comme levier de développement socio- économique jusqu’à « son échec entant que projet de modernité ».
Il a mis en évidence l’impératif d’établir des ponts avec de nouveaux partenaires et de renforcer les liens avec la société civile, en particulier les associations de médiation entre la vie universitaire et la société. Des universitaires de France, du Canada, de Belgique et du Sénégal participent à cette rencontre, en plus d’ONG concernées. Le thème de la rencontre sera débattu lors du Forum mondial sciences et démocratie (23-25 mars 2013) dans le cadre du Forum social mondial qu’abrite la Tunisie jusqu’à la fin du mois.