Le président de la République provisoire, Moncef Marzouki, a affirmé que la Révolution tunisienne est “aujourd’hui forte de son armée nationale, de sa police républicaine, de sa société civile et de son peuple mature.
Elle n’a donc pas besoin d’une quelconque organisation qui pourrait se transformer en milice partisane”, a-t-il dit. Dans une allocution prononcée, mercredi, au palais de Carthage, à l’occasion de la célébration du 57e anniversaire de l’Indépendance, le président de la République a appelé à convertir les ligues de Protection de la Révolution en associations nationales engagées, par les actes et la parole, dans la construction politique et culturelle.
“Personne, en dehors des institutions sécuritaire et militaire, n’a le droit de constituer un corps militaire ou paramilitaire, ni d’avoir recours aux armes pour imposer la loi”, a-t-il soutenu.
Moncef Marzouki a condamné “les groupes terroristes qui, à défaut de convaincre par la bonne parole, cherchent à imposer leurs idées par la force”. Il a, également, dénoncé les réseaux d’enrôlement des jeunes pour le Jihad ainsi que toutes les formes de violence politique qui, a-t-il dit, menacent l’unité nationale, laquelle violence a atteint son paroxysme avec l’assassinat du militant Chokri Belaid, de militaires et d’agents de l’ordre, a relevé le président Marzouki.
La violence politique est le résultat des campagnes de dénigrement et d’embrigadement menées par des politiciens et des journalistes, a-t-il déclaré, les appelant à repenser le style et le contenu de leur discours.
“Les partis politiques doivent adresser des consignes claires à leurs adhérents sur le respect de la différence , a-t- il encore insisté, soulignant qu’il n’est plus permis aujourd’hui, en Tunisie, de pratiquer la torture ou de commettre des bavures comme l’utilisation de la chevrotine à Siliana qui a causé la perte de la vue à plusieurs citoyens.
“La pauvreté, qui était à l’origine du suicide d’un autre tunisien dans des conditions atroces, est l’une des sources de violence en Tunisie”, a-t-il fait remarquer, ajoutant que “la mort de ce jeune qui s’est immolé par le feu, ainsi que le décès d’autres tunisiens noyés lors de tentatives d’émigration clandestine, sont autant d’indicateurs de notre échec, en tant qu’Etat et en tant que société”.
Il a relevé la nécessité d’ œuvrer durant les cinq prochaines années à éradiquer la pauvreté et à édifier une démocratie qui sera un modèle dans le monde arabe, appelant à tirer les leçons du passé et à parachever le processus d’édification d’un Etat moderne.
Marzouki impute à l’Etat une partie de la responsabilité de la situation actuelle dans le pays, “outre le lourd héritage du passé et du manque de ressources”. Il a exhorté le gouvernement et l’opposition à uvrer ensemble pour relancer l’économie nationale, qui a-t-il dit, demeure tributaire du parachèvement de l’édification des institutions de l’Etat en cette période de transition.
Le président de la République a mis en garde contre les risques de voir cette étape se prolonger et ses conséquences sur la stabilité et la sécurité du pays”. “Il n’y a d’autres alternatives pour sortir de la crise actuelle que le dialogue entre les partis représentés à l’Assemblée Nationale Constituante qui doit être ensuite élargi aux composantes de la société civile dont en premier lieu, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT)”.
Et Marzouki d’ajouter: “Il est de notre devoir de hâter la rédaction de la Constitution, de mettre en place les trois instances de régulation, d’élaborer la loi électorale et de fixer une date consensuelle pour les prochaines élections ne dépassant pas la fin de l’année en cours”.
Moncef Marzouki s’est dit confiant en la capacité de réussir une transition démocratique pacifique en Tunisie malgré une situation délicate et l’ampleur des défis.