Le Front populaire (FP) a réitéré son appel pour la suspension de la dette de la Tunisie et pour un audit plus poussé des “dettes odieuses” accumulées du temps de l’ancien président Ben Ali.
Le porte-parole du FP, Hamma Hammami, a indiqué, mardi à Tunis, lors d’une conférence de presse consacrée à la présentation du “Symposium méditerranéen contre la dictature de l’endettement et pour la souveraineté des peuples” prévu les 23 et 24 mars, à Tunis, que “le Front populaire proposait l’annulation de la dette comme objectif essentiel et comme mesure directe qui ne peut pas attendre”, selon ses propres termes.
La Tunisie, a-t-il fait valoir, avait obtenu, principalement du temps du président déchu, des prêts extérieurs d’un montant de 41 milliards de dinars, mais remboursé aux bailleurs de fonds quelque 48,5 milliards de dinars” au point que “la Tunisie a sombré dans l’endettement”, a-t-il dit.
Hamma Hammami a en outre marqué son étonnement de la persistance des gouvernements post-révolution à emprunter la même voie, rappelant que la Tunisie aura à régler, rien qu’en 2013, des emprunts d’un montant de 4280 millions de dinars, soit pratiquement l’équivalent du budget de développement qui s’élève à 5 milliards de dinars.
Il a constaté que la poursuite du recours aux emprunts extérieurs “n’a point amélioré la condition du peuple tunisien”, faisant référence à l’aggravation du chômage, à la cherté de la vie, à la flambée des prix et à la persistance des disparités régionales.
Il trouve, par ailleurs, surprenante l’attitude d’un “gouvernement provisoire, de surcroît démissionnaire, qui négocie avec le FMI un prêt de garantie censé accabler davantage le peuple tunisien”, s’interrogeant sur les raisons ayant conduit le ministre des Finances actuel à retirer un projet de loi proposé par des députés de la Constituante et portant sur l’audit de la dette extérieure de la Tunisie.
De son côté, Fethi Chamkhi, membre du conseil des secrétaires généraux au Front populaire, s’est dit “inquiet de la vitesse avec laquelle la Tunisie s’est endettée au cours des trois dernières années à une moyenne de 4 milliards de dinars, contre 1,7 milliard par an à l’époque du président déchu”.
Il a lui aussi critiqué la négociation et la signature imminente d’un accord de prêt de garantie avec le FMI pour un montant de 1,7 milliard de dollars, y voyant “un péril pour le pays” et pour sa stabilité économique et sociale.
Selon un autre membre dirigeant du Front populaire, Abdelaziz Ayari, le Symposium méditerranéen contre la dictature de la dette et pour la souveraineté des peuples donnera lieu à l’adoption, par plus de 30 partis progressistes de pays arabes ou du pourtour méditerranéen, une déclaration conjointe comportant des solutions et des propositions pratiques, outre l’adoption d’une décision politique sur l’endettement dans la région.