Le penseur Mohamed Talbi a indiqué lundi que le refus du gouvernement d’autoriser la création de « l’Association internationale des musulmans coraniques », malgré le parachèvement de toutes les dispositions et procédures légales est une « prise de position politique du gouvernement d’Ennahdha et de ses alliés de la Troïka contre tous ceux qui s’opposent à ses orientations et à celles de la pensée de la mosquée Ezzitouna».
Dans une déclaration à l’agence TAP, Mohamed Talbi a démenti que ce refus soit dû au fait que la demande n’est pas conforme au contenu du deuxième alinéa de l’article 11 du décret-loi numéro 88 de l’année 2011 relatif à l’organisation des associations.
Ce refus est synonyme de prise de position politique et non de réserve juridique émise à propos du contenu de la demande, a précisé le penseur et spécialiste des études islamiques, de l’histoire et de la civilisation islamique classique.
Le secrétariat général du gouvernement s’est opposé à l’appellation de l‘association et exigé son changement en éliminant notamment le mot « coraniques» qui, a-t-il considéré, recèle une certaine discrimination à l’encontre d’une catégorie par rapport à une autre.
Mohamed Talbi a ajouté que le secrétariat général du gouvernement a également exigé la suppression du terme « laïcité » (alinéa 6 de l’article 3) et du terme « salafisme » (alinéa 1 de l’article 3) ainsi que la définition de « rationnelle » donnée à l’association « qui ne se conforme pas la Charia en la considérant comme une action humaine non contraignante apparue au troisième siècle de l’Hégire (alinéa 5 de l’article 3) ».
Empêcher notre association d’obtenir l’autorisation légale constitue une atteinte contre les associations qui ne sont pas d’accord avec les gouvernements d’Ennahdha, ainsi qu’une violation de la loi et une réédition du système Ben Ali qui étouffait les libertés, a lancé Talbi, en substance.
Il a précisé que son association a pour principe de lutter contre le takfir (fatwa de déchéance du statut de musulman) et l’extrémiste religieux « qui sont en train d’envahir la société tunisienne ».
Elle aura également pour vocation de réhabiliter les principes de liberté, de tolérance et d’ouverture, a-t-il conclu. Réagissant aux déclarations de Mohamed Talbi, le secrétariat général du gouvernement a indiqué que les propos de Talbi ne sont pas conformes à la réalité et comportent « des déductions hâtives et erronées » qui portent atteinte à la réputation de l’administration.
Dans un communiqué dont copie est parvenue lundi à l’agence TAP, le secrétariat général du gouvernement a précisé, en substance, que l’administration n’a pas encore donné son avis sur l’autorisation légale de cette association et qu’elle est engagée, dans le principe et dans les faits, à être complètement impartiale concernant le dossier des associations, en se contentant de veiller au respect des exigences légales, loin de toute considération politique.