Ce commentaire fait suite à un de vos articles sur la restructuration de Tunisair.
On parle de tout sauf de l’essentiel, on continue à chercher midi à 14 h.
Pourtant il existe des solutions très simples, d’un coût dérisoire, qui pourraient relancer Tunisair et l’inscrire dans une dynamique de croissance forte et durable.
Il faut d’abord mettre en application l’open sky sans plus tarder.
Tunisair a peur de la concurrence.
Pourtant c’est là le meilleur outil pour développer un secteur quel qu’il soit et au profit de tous les opérateurs.
Il n’y a qu’à regarder chez nos voisins.
Depuis l’open sky, Royal Air Maroc a plus que doublé de taille.
Son chiffre d’affaires qui était largement supérieur à celui de Tunisair est aujourd’hui du double
.
Même constat pour la flotte.
Même constat pour le nombre de passagers traités.
Les compagnies low-cost opèrent aujourd’hui une bonne soixantaine de vols quotidiens vers le Maroc, ce qui n’a pas empêché la RAM de se développer fortement, bien au contraire.
Le trafic aérien au Maroc a plus que doublé depuis la mise en place de l’open sky.
Alors qu’en Tunisie, entre 2001 et 2011, il n’a progressé que de 15 à 16% , en 10 ans , donc !!!
Tunisiar traite aujourd’hui encore un nombre de passagers à peine supérieur à celui de 1999, (où elle avait transporté 3,5 millions de passagers), et qui se situe encore largement en-dessous des 4 millions.
En Turquie, Turkish Airlines est devenue la 7è compagnie du Monde, alors qu’il y n’y a pas si longtemps, elle était dans les profondeurs du classement, et alors qu’aujourd’hui elle affronte la concurrence d’une bonne cinquantaine de compagnies turques.
Tout simplement parce qu’une plus grande concurrence incite les compagnies à baisser fortement les prix, ce qui a pour conséquence immédiate et mécanique de faire augmenter la demande.
La concurrence oblige les uns et les autres à soigner de manière plus rigoureuse leur qualité de service, s’ils veulent préserver leurs parts de marchés.
En Tunisie il y a un autre problème : on a trop développé les charters au détriment du régulier.
Or aujourd’hui, de plus en plus de touristes privilégient les low-cost qui permettent de voyager sur vol régulier à prix charters.
Les charters collent trop aux périodes de pointe, avec de véritables ponts aériens massifs, mais très ponctuels, et même en période de pointe pour une destination donnée on regroupe le maximum de vols sur un créneau horaire le plus court possible, ce qui ne favorise pas la souplesse dans le choix des horaires et la durée des séjours.
Les vols réguliers sont beaucoup mieux étalés, et sont disponibles toute l’année, alors que les charters baissent de manière drastique en saison creuse, ce qui vaut à certains de nos aéroports d’être pratiquement déserts pendant 4 mois dans l’année, avec des creux pouvant atteindre zéro vol certains jours.
Par ailleurs les hommes d’affaires ne prennent pas les charters, et ont besoin de cette souplesse dans les horaires et d’un meilleur étalement des vols.
Si on veut identifier les raisons pour lesquelles notre tourisme était à la peine, depuis bien avant la révolution, avec une activité importante certes, mais avec un taux de croissance médiocre depuis plusieurs années, depuis que nos concurrents ont adopté l’open sky , comme par hasard , il n’y a pas à chercher loin.
Idem pour les IDE qui ont toujours eu du mal à décoller malgré les atouts indéniables de notre pays.
Notre pays est tout simplement handicapé , parce qu’il ne lutte plus à armes égales avec nos concurrents qui récupèrent nos parts de marchés sans avoir à lever le petit doigt , depuis qu’ils ont adopté l’open sky , ce qui les a rendus plus accessibles que la Tunisie , aussi bien pour les touristes que les hommes d’affaires.
Autre chose , Tunisair encore à ce jour n’exploite aucune ligne long-courrier , et empêche la Tunisie de conquérir des marchés prospères ou très développés , et dont la population globale fait plus de 6 fois celle de l’Europe , avec un PIB global 3 fois plus important (USA, Canada, Inde, Chine, Japon, Brésil principalement).
Nous continuons donc à faire 80 % de nos échanges avec l’Europe, ceci démontre notre formidable potentiel de développement sur les autres pays que je viens de citer.
Tunisair dispose d’un Airbus A340-500, qui a coûté une fortune et qui est abandonné sur le parking d’un aéroport français, et aux frais du contribuable tunisien.
Pourquoi n’a-t-elle pas songé, faute de le vendre, de le récupérer, le réaménager en version grand public, et de l’exploiter sur des lignes long-courriers. ??
Concernant les gros-porteurs en commande, Tunisair pourrait annuler leur achat, ils trouveraient preneurs très facilement, par exemple auprès de compagnies prospères du Golfe ou d’Asie.
En contrepartie, elle pourrait louer 4 ou 5 gros-porteurs d’un âge raisonnable et en parfait état, avec l’assurance que le prix de leur location serait amorti au fur et à mesure de leur exploitation, tous les mois, ce qui n’impliquerait aucun endettement supplémentaire, avec en ligne de mire de juteux bénéfices.
On peut aussi citer ces compagnies très riches qui se séparent prématurément d’avions relativement récents et en parfait état pour les remplacer per des avions de dernière génération (Airbus A330, A340, MD-11, Boeing 747-400, 777, etc.…).
Ces avions sont stockés dans les déserts californiens et en Arizona, alors que des compagnies comme Tunisair peuvent en acquérir à raison de 3 appareils pour le prix d’1 appareil neuf de même catégorie.
Tunisair néglige également complètement le fret, ce qui compte-tenu du niveau de nos échanges extérieurs est incompréhensible (59 milliards de dinars en 2012 !!).
Le tonnage de fret pourrait facilement être multiplié par 5, voire 10 !!!
Tunisair pourrait à cet effet transformer ses 3 Airbus A300-600 en version tout cargo, comme l’ont fait d’autres compagnies avec des appareils similaires et dont ils tirent de juteux bénéfices (Egyptair, Royal Jordanian,Turkish, etc.…)
Il n’y a qu’à lever le petit doigt pour sauver Tunisair, et en faire, du jour au lendemain, une compagnie plus que rentable, mais on n’y arrivera pas avec les dirigeants actuels que ce soit de la compagnie, ou du ministère de tutelle.
Réaction de Tarak KLAA à l’article Tunisair Un Airbus A320, bloqué par l’enneigement, à Paris Orly