Après le défenseur de l’excision, Wajdi Ghoneim, à qui l’on a déroulé un tapis rouge pour une série de conférences dans différentes mosquées du pays, voici venu le tour de Habib Ellouze, un des plus radicaux leaders du parti Ennahdha, de s’exprimer sur la question au travers d’un entretien accordé au journal Le Maghreb.La déclaration qui fait scandale résume la pensée du député à l’ANC qui estime que l’excision des filles s’apparente davantage à un traitement médical, notamment dans les régions chaudes du globe, et que cela n’est pas un moyen de réduction de plaisir sexuel chez les filles. Il a souligné que l’Occident a accordé plus d’importance qu’il n’en faut à cette pratique alors qu’en réalité, il ne s’agit là que d’une opération esthétique.
Si la messe est dite ou plutôt redite, l’ex-chef du parti Ennahdha et membre de son «Majliss Echoura» n’en est pas à sa première déclaration scandaleuse, c’est le parti Ennahdha qui pose gravement problème. Comment un parti peut-il continuer à offrir du blanc au noir en passant, sous prétexte de liberté d’expression, par toutes les variations de gris? Comment le jour même, Rached Ghannouchi déclare devant un parterre de femmes exclusivement de son parti, deux jours après le 8 mars, que «la femme est la base de toute renaissance», en même temps qu’Ellouze se laisse aller à des propos aussi saugrenus que dangereux?
Ceci dit, et sans s’attarder sur les propos haineux de Habib Ellouze, c’est la question de la femme et de ses droits qui pose problème avec un parti qui souffle le chaud et le froid, joue sur la vague de la complémentarité au détriment de l’égalité, travaille à passer des lois limitatives aux droits des femmes dans les couloirs de l’ANC où ne finit pas de s’écrire la nouvelle Constitution, et refuse, selon les récentes déclarations du ministre des Affaires religieuses, la convention «CEDAW» qui garantit pourtant les principes de l’égalité des droits et du respect de la dignité humaine, et élimine toute forme de discrimination à l’égard des femmes. Une convention qu’a ratifiée fièrement la Tunisie au lendemain du 14 janvier et qui représente une vraie avancée pour le pays.
Le parti islamiste couvre une révolution contre les femmes, et les attaques contre leurs acquis deviennent de plus en plus nombreuses. Derniers abus en date, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Rafik Abdessalem, a démis de ses fonctions une femme diplomate dans le doute et sur fond de calomnies et sans ouvrir une enquête administrative. Le rythme des décisions s’accélère étrangement quand il s’agit de femmes pour «moraliser» l’administration qui croule sous les dossiers de corruption ! …
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