«Neutre», un politicien? Cas Abdelkrim Zbidi

Je ne vois pas l’utilité ni la pertinence de cet article publié le 11 mars 2013. Le cv de M. Abdelkrim Zbidi est sur des dizaines de sites et cet article n’est qu’un copier-coller superflu. Est-ce par manque de sujets d’actualité ou d’opinions ? Est-ce la paresse journalistique ou un «rappel-réponse» à un certain commentaire?

Dans son domaine, M. Abdelkrim Zbidi est l’un des plus brillants du pays, comme des centaines, des milliers mêmes, de tunisiens et tunisiennes dans leurs spécialités. Pour ce qui est de la compétence politique, de l’efficacité, « de l’homme qu’il faut au poste qu’il faut » et de la « neutralité » idéologique et politique, c’est une autre histoire.

Le parcours politique de Abdelkrim Zbidi

Premier poste politique pour M. Abdelkrim Zbidi : secrétaire d’État auprès du Premier ministre chargé de la Recherche scientifique et de la Technologie de 1999 et 2000. Il commence sa carrière politique avec Hamed Karoui. Mohamed Ghannouchi est nommé Premier ministre le 17 novembre 1999. C’est dans le sillage de ce dernier que Abdelkrim Zbidi montera politiquement. EN 2001, il est ministre de la Santé Publique. En 2002, ministre de la Recherche Scientifique et de la Technologie. Si pour quelques années, on n’a pas vu Abdelkrim Zbidi dans les gouvernements successifs jusqu’au 15 janvier 2011, c’est pour des raisons strictement familiales et personnelles. Un malheur a frappé la famille Zbidi qui a perdu son fils unique dans un accident de voiture. Mais venons-en au remaniement ministériel du gouvernement M Ghannouchi du 27 janvier 2011.

Mohamed Ghannouchi et Abdelkrim Zbidi se connaissent très bien. Normalement, Abdelkrim Zbidi devrait être à la tête du ministère de la Santé, lui, qui connaît mieux que quiconque les entrailles de ce ministère et les graves lacunes de la santé publique. A mon humble avis, la santé est beaucoup plus importante que la défense pour les Tunisiens, c’est leur quotidien. Tout le monde attendait la liquidation de cette CNAM, la pire administration dans le pays, une caisse argentière et bancaire sans aucun but social et un nid de malversations et de trafic, ou du moins sa réorganisation. Non, M. Abdelkrim Zbidi est nommé ministre de la Défense nationale ! Par qui et pourquoi ?

Mohamed Ghannouchi, faible comme il est, effacé, dépassé par les évènements n’aurait même pas pensé à Abdelkrim Zbidi comme ministre. Le nom Abdelkrim Zbidi lui a été « soufflé » ou imposé. Un seul homme pouvait le faire : le Général Rachid Ammar. Mais, le Général connaissait-il Abdelkrim Zbidi ou bien le nom lui a été aussi « soufflé » ou imposé ?

Bizarrement, Abdelkrim Zbidi a gardé le poste dans les deux gouvernements suivants. Si on peut comprendre qu’Essebsi n’a pas voulu renouveler le gouvernement à part le ministre de l’Intérieur, on se demande pourquoi Ra Ghan n’a pas tenu à avoir le ministère de la Défense entre ses pattes. Ce ne sont ni Marzouki ni B.Jaafar qui auraient pu l’arrêter, alors qui lui a montré la ligne rouge à ne pas dépasser ?

Du 27 janvier 2011 jusqu’au 6 février 2013, M. Abdelkrim Zbidi est le seul homme politique qui a duré si longtemps ; même pas Hamadi Jebali. Il a donc vu et constaté bien des anomalies et bien des lacunes et des maladresses. Aucune ne justifiait à ses yeux sa démission à part une et une seule.

Adnane Mansar, porte-parole de la présidence de la République, affirme : «Il est vrai que M. Zbidi a présenté sa démission le 15 septembre dernier (2012) mais je n’avais à aucun moment réalisé qu’il y tenait réellement». Une démission ultimatum juste le lendemain de l’attaque sauvage de l’ambassade US à Tunis ! Notons qu’il est le seul parmi les 80 ministres, secrétaires d’Etat et autres «conseiller» à avoir «présenté sa démission».

Adnane Mansar est également revenu sur les critiques adressées par Abdelkrim Zbidi à la présidence et au ministère de l’Intérieur fustigeant le manque de réactivité face aux événements du 14 septembre de l’ambassade US. Il dit : «J’ai été présent à la cellule de crise de la Présidence, lors de ces événements, et les communications ont été ininterrompues avec l’armée, jusqu’à ce que tout se soit calmé » (BusinessNews et Marsad)! Tiens, tiens, les communications de l’armée étaient occupées ailleurs et interdites à la présidence de la République et peut-être aussi au chef du gouvernement ! Chacun peut comprendre ce qu’il veut et déduire ce qui lui convient.

La démission « irrévocable » et ses causes

Retenons l’essentiel. Sur la chaîne NessmaBelaïd ( et pas sur une « nationale »), dans la soirée du 5 mars 2013, M. Abdelkrim Zbidi s’étale sur «l’état de la gravité de la situation sécuritaire et politique dans le pays », comme si c’est nouveau pour lui, et déclare avoir présenté sa démission «parce qu’il ne peut plus continuer à honorer sa mission dans le flou actuel et au sein d’un gouvernement dont la finalité n’est pas clairement définie». Cet état n’existait pas avant le 14 septembre dernier ! L’explication donnée par M. Abdelkrim Zbidi et selon ses propres termes : le contexte de « flou total » et un « gouvernement marqué par les mêmes problèmes sociaux, économiques et sécuritaires que son précédent mais dont l’agenda ne semble pas être clairement défini, contrairement au gouvernement de BCE qui a conduit le pays vers les élections du 23 octobre ». N’est-ce pas là le même discours litanique et populiste de l’opposition en général et du « nida » en particulier ?

D’ailleurs, tous les « bourguibistes » et tous les « laïcs » se sont alignés devant le Mur des Lamentations et ont commencé à jeter des cris de mouette, arracher des cheveux des têtes chauves et danser le Harlem Snaque. Il suffit de parcourir les journaux-papiers et électronique et écouter les chaînes Belaïd.

* «Avec la démission de Abdelkarim Zbidi ,Amor Shabou lance un SOS pour sauver la Tunisie […] Le journaliste a finalement lancé un appel à la société civile d’implorer le ministre de la Défense de revenir sur sa décision et de solliciter la reconduction à son poste» ! (Tunisie Focus). Il faut lire ce que cet opportuniste de dernière heure a écrit pour se convaincre que « la mounachada » est un crime si elle n’émane pas des « laïcs bourguibistes ».

* Noureddine HLAOUI, écrit, lui, sans vergogne et sans retenue : «C’est une honte pour la Tunisie qu’un ministre aussi honnête, aussi compétent que celui de la Défense nationale, Abdelkrim Zbidi, parte du gouvernement alors que d’autres tels les Slim Ben Hemidène, Sihem Badi, Noureddine Khademi et bien d’autres restent au sein de l’équipe au pouvoir» (businessnews), et il y va de sa flagornerie hypocrite à laquelle il est habituée.

Un « en réserve pour la République, encore un.

Comme Essebsi lors de son premier discours « inaugural » à sa nomination comme premier ministre, comme Jebali dans son discours « d’adieu », comme tout politicien menteur d’essence, M. Abdelkrim Zbidi a tenu «à préciser n’être animé par aucun agenda politique et n’avoir aucun problème avec les trois présidents ». En réalité, il y avait un grave différent entre lui et Marzouki, au moins.

«Neutre», un politicien ? Où ça ? M. Abdelkrim Zbidi était un ministre opposant dans le gouvernement Jebali. Jebali « opposant à Ra Ghan » a démissionné, Abdelkrim Zbidi a démissionné. Tu as dis « Bizarre » ? « Non, j’ai dit bizarre, bizarre ».

« Efficace », comme ministre de la défense, M. Abdelkrim Zbidi ? Allons donc. Toute la Défense est entre les mains du Général et de lui seul. Si « efficacité » signifie « faire exactement ce qu’ordonne le Général …”

Et, si M. Abdelkrim Zbidi, lui aussi, est «en réserve pour la République»,… encore un.