Des avis divergents se sont dégagés du débat en séance plénière consacré au vote de confiance au gouvernement de Ali Larayedh, mardi après-midi, à l’Assemblée nationale constituante (ANC).
Les constituants étaient divisés entre ceux qui soutiennent la nouvelle composition du gouvernement, ceux qui ont des réserves et attendent de voir ses performances et d’autres qui la rejettent catégoriquement arguant du fait qu’elle soit une reproduction de l’ancien gouvernement.
Les élus d’Ennahdha étaient tous unanimes en faveur du vote de confiance au nouveau gouvernement qui a présenté, selon eux, « un programme clair ».
« Celui qui parle d’échec en fait partie, l’échec de l’ancien gouvernement était d’ailleurs partiel », a lancé l’élu d’Ennahdha Ahmed Mechrigui, appelant à réunir les conditions de réussite au nouveau gouvernement.
De son côté, Latifa Habachi (Ennahdha) a estimé que l’une des priorités, après la réalisation des objectifs de la révolution, est d’agir sur les prix et de créer une cellule de crise pour lutter contre la spéculation et le commerce illicite.
« Après des mois d’attente, nous votons en faveur du gouvernement tout en assurant le suivi de son action », a averti Haithem Belgacem (CPR), invitant le gouvernement « à ne pas provoquer le peuple en s’asseyant à la table des ennemis de la révolution ».
Pour sa part, Mohamed Hamdi (groupe démocratique) a regretté que le renouvellement du gouvernement n’a pas été au-delà de 30%, estimant que seuls certains ministères ont répondu à la condition de neutralité et non tous les ministères.
Le ministère des affaires religieuses doit être neutre aussi, a-t-il estimé. « Il n’y a aucune volonté de faire échouer le gouvernement, mais je m’abstiendrai de voter », a-t-il dit.
L’élu du bloc démocratique, Hichem Hosni a estimé que l’actuel gouvernement est « une version déformée de celui qui l’a précédé, avec les mêmes choix et un nombre important de ministères ».
« Les mêmes causes induisent les mêmes résultats », a déploré l’élu du même groupe, Noomen Fehri, notant que le nouveau gouvernement a quasiment gardé la même composition et porte en lui les « raisons de son échec ».
Pour sa part, Mohamed Néjib Hosni (bloc Liberté et Dignité) a relevé que le succès du nouveau gouvernement est tributaire de l’intérêt accordé aux régions démunies.
De son côté, le président du groupe d’Ettakattol, Mouldi Riahi a appelé le gouvernement à accélérer le rythme de développement dans les régions, soulignant la nécessité de consolider les acquis de la société tunisienne, les principes de modernité et les droits de la femme.
Abderraouf Ayadi (Bloc Wafa) a, quant à lui, mis en garde contre « l’argent sale qui incite à l’anarchie », évoquant l’absence d’un « dénominateur commun entre les acteurs politiques »
. Fayçel Jedlaoui (indépendant) a noté que la représentativité de la femme dans le nouveau gouvernement a reculé, estimant que plusieurs régions n’ont pas été associées à ce gouvernement.
L’élu de Nidaa Tounes, Abdelaziz kotti a appelé Ali Larayedh à réviser toutes les nominations décidées sur la base de l’appartenance politique.
Un bilan critique de l’action de l’ancien gouvernement de Hamadi Jebali a été établi par certains constituants qui ont notamment évoqué les évènements du 9 avril 2012 marqués par l’usage de la force contre des manifestants à l’avenue Habib Bourduiba ainsi que l’attaque contre le siège de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Evoquant les évènements de Siliana, Iyed Dahmani (Bloc démocratique) a demandé à Ali Larayedh de présenter ses « excuses » aux habitants de la région et d’indemniser les personnes blessées par des tirs de chevrotine en novembre dernier.
Maya Jéribi a, quant à elle, appelé à la nécessité de dévoiler les circonstances de l’assassinat de Chokri Belaid. Elle a également loué la « probité » des ministres désignés à la tête des ministères régaliens. Le vote de confiance au gouvernement de Ali Larayedh a finalement été reporté à la séance de mercredi à partir de 9H00.
DI/TAP