Tunisie – Politique : “Un gouvernement de quotas (bis) et une fausse neutralité”

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Dans sa réaction à la composition du nouveau gouvernement, le porte-parole officiel du mouvement Nidaa Tounes, Lazhar Akremi, estime que ce gouvernement est, par sa nature même, “le fruit d’une répartition de quotas partisans et non celui de l’intérêt national”. “L’exigence de neutralité des ministères régaliens a été dévoyée”, a-t-il dit dans une déclaration par téléphone à l’agence TAP, considérant qu’il s’agit d’une “fausse neutralité fondée sur l’allégeance et non pas sur l’appartenance”.nida_tounesLe profil de l’équipe gouvernementale et la manière de procéder “sont bien en-deçà de ce qu’on attendait au regard de ce qu’avait admis le chef du gouvernement sortant, Hamadi Jebali, à savoir “que son gouvernement avait échoué”, a-t-il ajouté.

Lazhar Akremi s’est dit, en outre, persuadé que “les députés de Nida Tounes à l’Assemblée nationale constituante (ANC) ne voteront pas pour ce gouvernement”.

Joint par téléphone par l’agence TAP, le président du Mouvement Echaab, Mohamed Brahmi, a affirmé lui aussi que son mouvement n’apportera pas son soutien à ce gouvernement “parce que conçu sur la base des quotas partisans et du partage du butin au sein de la Troïka”.

brahmi-tunisiePour Brahmi, la réduction du nombre de portefeuilles ministériels et la tentative de faire entrer de nouveaux visages dans ce gouvernement visaient à faire croire à un illusoire élargissement de la plateforme politique alors qu’en réalité, a-t-il dit, “ce gouvernement reste dominé par le mouvement Ennahdha”.

Le président du Mouvement du peuple a, également, estimé que “la neutralisation des ministères de souveraineté ne peut être effective qu’en cas de programme cohérent du gouvernement qui garantirait la neutralité de l’administration et du service public, accorderait à la justice sa pleine indépendance et traiterait l’appareil de sécurité en tant que  sécurité républicaine et les forces armées comme une armée républicaine non subordonnée à aucun parti politique”.

De son côté, un membre dirigeant du Front populaire, Ahmed Seddik, a souligné que “le Front n’a constaté aucun changement dans la formation gouvernementale qui pourrait augurer d’un règlement de la crise asphyxiante que connaît le pays”.

front-populaire-29112012“La coalition au pouvoir est restée la même. Le fait que les formations qui avaient été associées aux négociations ne figurent pas dans le nouveau gouvernement illustre bien la persistance des procédés des quotas partisans et de la répartition des fauteuils, ce qui a conduit la Troïka à s’auto-cloner”, a ajouté Seddik.

Les figures qui “incarnaient la crise et le grand échec” dans le gouvernement sortant ont été promues, a-t-il déploré. Et d’ajouter, s’il y a encore dysfonctionnement, il se situerait au niveau du programme du nouveau gouvernement et de la teneur du document politique dont il a dit qu’il “ne fait pas la moindre mention du respect des libertés et se borne à évoquer le dialogue national avec les seules composantes de l’Assemblée constituante”.

almasar_tunisiePour sa part, le porte-parole d’Al Massar, Samir Taieb, a indiqué que “le nouveau gouvernement n’est pas à la hauteur des aspirations du peuple tunisien qui attend cette formation depuis, déjà, huit mois”. “Nous sommes revenus à la case départ, avec la même Troika au pouvoir sans aucun plus”, a-t-il ajouté.

“Bien au contraire, a-t-il dit, les ministres qui ont essuyé un échec au gouvernement Jebali ont été promus”.

Samir Taieb a estimé, en outre, que la “neutralité” des nouveaux responsables à la tête des ministères régaliens, “n’est pas effective”. Pour lui, “Les personnalités choisies pour ces départements devraient se positionner à égale distance de tous les partis en lice”, ce dont il doute, tant qu’on n’aura pas révisé les anciennes nominations faites “sur la base de l’appartenance”.

Al Massar et le groupe démocratique au sein de l’ANC, a-t-il signalé, “n’ont pas encore pris de décision définitive concernant le vote de confiance au profit de ce gouvernement”. Néanmoins, “je pense que l’on s’achemine vers un vote négatif”, a-t-il précisé.

Le porte-parole d’Al Joumhouri, Issam Chebbi, considère, pour sa part, que la nouvelle formation n’est qu’une “copie” de l’ancien gouvernement de la Troïka, en ce sens que cette dernière n’est pas parvenue à élargir le spectre de l’alliance au pouvoir et que l’approche retenue est toujours celle du quota partisan.

Pour sortir du flou ayant caractérisé l’étape de transition démocratique, a-t-il expliqué, il aurait fallu constituer un gouvernement de salut national à même de remettre sur les rails le processus démocratique. Néanmoins, la nouvelle formation proposée sera dans l’incapacité de lancer un message clair pour rassurer les tunisiens et ne pourra jamais conduire à terme l’étape de transition, a-t-il dit.

isam_chebbi_tunisieIssam Chebbi a, aussi, précisé que le chef du gouvernement désigné, Ali Larayedh, n’a pas exprimé sa volonté, ni celle de son équipe, de se consacrer à l’action gouvernementale et de ne pas se porter candidats aux prochaines élections, outre l’absence de volonté politique claire de lutter contre le phénomène de la violence, notamment à travers la dissolution des ligues de protection de la Révolution, ou la tenue d’un dialogue national destiné à la mise en oeuvre d’un programme consensuel pour le salut du pays en cette période cruciale.

Le porte-parole d’Al Joumhouri a, par ailleurs, considéré que la nomination de personnalités neutres à la tête des ministères régaliens est “un pas positif”, précisant que son parti surveillera la prestation des nouveaux ministres pour être sûr de leur neutralité totale et de leur volonté de revoir les anciennes nominations qui ont porté atteinte à l’indépendance de l’administration.

Notre parti, a-t-il conclu, prendra sa décision finale concernant le vote de confiance, au terme de la réunion de son bureau exécutif, prévue pour lundi prochain.

Di/Tap