Tunisie – Violence : L’Institut supérieur des sciences humaines attaqué par des islamistes

Il est surprenant de voir à quel point la danse « Harlem Shake », décrite comme étant « un exutoire collectif qui rompt l’ordre établi pour mieux simuler le chaos», dérange les conservateurs en Tunisie.Aujourd’hui même à l’Institut supérieur Ibnou Charaf des sciences humaines, une attaque en bonne et due forme a eu lieu suite à la décision des étudiants de l’UGET d’organiser une manifestation de Harlem Shake, associée à la célébration de la Journée de la femme du 8 mars, et un appel à l’activation des investigations concernant l’assassinat de Chokri Belaïd. Les membres de l’UGTE, d’obédience nahdhaoui, auraient opposé leur véto à la manifestation.

A 13h pile, devant l’Institut,  des hordes d’islamistes se sont mises en position d’attaque, armées de briques, de chaînes en acier et de bâtons. Les portes de l’Institut, fermées prudemment par l’administration, ne leur ont pas résisté. Ils  ont escaladé les murs de la bâtisse et se sont adonnés à des actes de vandalisme allant jusqu’à fracasser les tables et voulant forcer les salles d’études. Les policiers appelés à la rescousse seraient arrivés un peu tard, selon un témoin sur place. En réaction aux incidents d’aujourd’hui, les cours ont été gelés pour les deux prochains jours.

Loin de lire dans cette danse, l’expression contestataire des jeunes dans les lycées et les universités, par rapport à un nouveau modèle culturel qu’on veut leur imposer, ce qui aurait choqué plus d’un serait l’aspect vestimentaire ou le dénuement de certains lycéens. Le message était pourtant très clair et ceci rien qu’à voir les déguisements : « Notre appartenance est certes arabo-musulmane mais elle est aussi méditerranéenne, et nous estimons tout modèle culturel importé des pays du Golfe inacceptable et “non grata” chez nous ».

Si nous sommes tous dans la logique du respect du droit à la différence, il va falloir y mettre chacun de soi, bien sûr dans le respect des usages, des autres et surtout en évitant toute forme de provocation d’ordre religieux, racial ou civilisationnel.

Le problème en Tunisie, c’est que face à ces vagues de conservatisme et d’extrémisme, il y en a d’autres qui réagissent par la provocation et la bravade. Comment atteindre le juste milieu et mettre en place des canaux de communication civilisés et respectueux? C’est à cela que nous devons tous réfléchir.

A.B.A