Non, monsieur le ministre de la Culture, tout, absolument tout, est affaire d’opinion et de goût. L’opinion est une affaire personnelle et subjective. Déjà, Théophile Gautier s’insurgeait : «cela me fait prendre une pitoyable opinion des femmes de les voir s’enticher de tels goujats» !Non, monsieur le ministre de la Culture, cette polémique autour du Harlem Shake n’est pas «expliquée par un fossé intergénérationnel» car les vieilles générations tunisiennes en ont vu d’autres «phénomènes émergents» que vous ne connaissez peut-être pas. Oui, il y a eu l’étonnement, le refus, la critique, le «takfyr» même, mais, d’un phénomène émergent à l’autre et grâce à la télévision, aux satellites, et à la monoculture de la mondialisation sioniste, on a fini par accepter, se résigner, refuser et rechigner.
La polémique n’est pas à propos du Harlem Shake mais à propos de sa défiguration, de son instrumentalisation politico-idéologique, et surtout de l’atteinte à l’intégrité des établissements scolaires et de la rue publique. Vouloir imposer aux Tunisiens Femen, les Pussy Riot et le soi-disant «libéralisme» sioniste occidental est le vrai sujet de la polémique.
Oui, Monsieur le ministre de la culture, «Nous devrons être ouverts et tolérants avec les jeunes et essayer de comprendre les formes d’expression artistique, culturelle et identitaire qu’ils tentent de véhiculer», et nous le sommes sans attendre votre opinion là-dessus, mais la question est : quelles «formes d’expression artistique, culturelle et identitaire tente de véhiculer » le Harlem Shake tel qu’on l’a vu pratiqué par nos filles et nos garçons dans les lycées et devant le ministère de l’Education? Qu’en dire puisque les créateurs de ce phénomène, les habitants de Harlem, ont refusé ce remake sale du Harlem Shake ?
Alors, monsieur le ministre de la Culture, cessez de débiter ce discours de l’ère glaciale, ainsi que votre compère le ministre de l’Education, et essayez d’être innovant. On voit le résultat désastreux de la provocation, car le Harlem Shake dans les lycées n’avait pour but que de provoquer les «autres goïm» de la part de ceux qui ont «le sang pur», le «peuple élu» de la «laïcité démocratique».
Programmez des séances de danse, de peinture, de cinéma, de théâtre, de poésie et d’apprentissage du coran, dans les collèges et les lycées, les vendredi et samedi soir, et mettez-y des gens compétents, vraiment, et libres d’idéologies et de préjugés.
Par Amad Salem
(En réaction à l’article : Mehdi Mabrouk : « Le Harlem Shake est loin d’être une affaire d’opinion)