«L’économie nationale est actuellement en berne sous le coup d’une crise politique qui a frappé le pays, de plein fouet», ont estimé des économistes tunisiens, contactés par la TAP. La Tunisie ne peut, d’après ces économistes, “sortir de cette crise qu’à travers l’élection d’un nouveau gouvernement de compétences susceptible de gérer au mieux les affaires publiques”.
L’économiste Mahmoud Ben Romdhane a expliqué que cette situation difficile se caractérise par « un déficit budgétaire qui s’amplifie de plus en plus avec la flambée des prix des matières premières et des produits alimentaires de base, sur le marché international».
Abondant dans ce sens, un autre spécialiste de l’économie, Mohamed Ben Mabrouk, a avancé que “le marché local sera affecté par l’envolée des prix qui aurait pour conséquence d’affaiblir le pouvoir d’achat des Tunisiens ». Et d’ajouter que «le déficit courant s’aggrave aussi, de plus en plus, suite à un manque des entrées en devises tirées principalement du tourisme, de l’exportation du textile et des phosphates.
En contrepartie, les matières premières importées (pétrole et céréales) observeront une hausse vertigineuse de prix”. Cela a pour conséquence d’après M. Ben Romdhane, de « nuire à la crédibilité du pays auprès des différentes institutions financières internationales et surtout de baisser à trois reprises la notation souveraine du pays”.
En corollaire « ces institutions financières seront peu enclines à nous fournir davantage de crédits».
Un troisième économiste, Ridha Gouiâa, a estimé que « le recours au financement extérieur est un mal nécessaire puisqu’il permet de sortir l’économie nationale de l’impasse, mais en même temps, il engendrera un endettement lourd pour les futures générations et entravera ainsi, le processus de développement économique et social”.
Il est vrai, a-t-il relevé, que le taux d’endettement extérieur ne cesse de croître (48% du PIB au lieu de moins de 46% auparavant), mais il reste dans une moyenne acceptable. Ce qu’il faut c’est «éviter de rentrer dans un cercle vicieux d’endettement et de compter davantage sur ses propres moyens et sur l’épargne nationale».
Recours rapide au suffrage
De l’avis de Ben Romdhane, « nous serons probablement contraints de mener une politique d’austérité qui rendra encore plus dramatique notre situation économique et sociale », considérant que “l’unique solution réside dans le recours rapide au suffrage pour élire un gouvernement plus crédible et sage”.
Côté perspectives, Ridha Gouiâa a affirmé que “pour la Tunisie d’aujourd’hui, tout dépendra de deux éléments essentiels.
Primo, il faut assurer la paix et la sécurité dans le pays, booster la croissance économique, attirer les investisseurs et les touristes étrangers et mettre un frein au mouvement de délocalisation des entreprises nationales”.
“Secundo, il importe que toutes les forces vives contribuent à sortir le pays de cette impasse”.
Ce dernier a insisté sur la nécessité de mener une réforme radicale et urgente de l’enseignement dans sa totalité et surtout de la formation professionnelle et de l’enseignement supérieur, afin d’améliorer l’employabilité des jeunes diplômés (33,2% des chômeurs sont des diplômés du supérieur, à la fin de l’année 2012 dont 47,5% sont des femmes).
Di/Tap