Des dirigeants d’Ennahdha ont plaidé pour la nécessité de soutenir la légitimité et de conforter la cohésion entre l’ensemble des composantes du peuple tunisien, appelant également à bannir la violence sous toutes ses formes. S’exprimaient lors d’une marche pacifique, samedi après-midi sur l’avenue Habib Bourguiba, à Tunis, placée sous le signe “Unité nationale et soutien à la légitimité”, les dirigeants du mouvement islamiste ont notamment dit rejeter le principe d’un gouvernement de technocrates, y voyant “un complot contre la légitimité électorale”.
Ils ont également mis en exergue, lors de la manifestation qui a rassemblé des milliers de partisans du mouvement Ennahdha ainsi que d’autres formations islamistes et nombre d’éléments d’obédience salafiste, l’importance de l’enracinement du peuple tunisien dans son identité arabo- musulmane, refusant toute ingérence étrangère dans les affaires intérieures du pays.
Le grand rassemblement, sous un foisonnement de drapeaux de banderoles réclamant la légitimité et l’unité nationale, a été marqué par une allocution du président du parti Rached Ghannouchi qui a dit “rejeter la violence sous quelque forme que ce soit”. “Rien ne saurait justifier le recours à la violence”, a-t-il déclaré, réitérant son appel au dialogue pacifique.
Rached Ghannouchi a aussi réaffirmé la confiance des partisans du mouvement et de nombreux Tunisiens en l’Assemblée nationale constituante qui “incarne la légitimité électorale”. Il a appelé l’Assemblée Constituante à “achever au plus vite la rédaction de la Constitution et ouvrir ainsi la voie à des élections libres et transparentes”, selon ses propres termes.
Rached Ghannouchi a également affirmé qu’il rejette la formation d’un gouvernement de technocrates à laquelle s’emploie le chef du gouvernement et Secrétaire général d’Ennahdha, Hamadi Jebali. Il y voit, a-t-il insisté, “une manière de dévoyer la légitimité issue du scrutin du 23 octobre 2011, remporté par le parti Ennahdha avec une majorité relative”.
Il a, par contre, plaidé de nouveau pour un gouvernement de coalition nationale “qui soit plus large que la Troïka”, considérant que “le gouvernement actuel est élu parce que investi de la légitimité de l’Assemblée nationale constituante”.
La légitimité du gouvernement, a-t-il encore déclaré, ne peut procéder que d’élections. Aussi, se réclamer de la légitimité électorale reviendrait-il à se réclamer de la légitimité de la Révolution”, a-t-il lancé. Dénonçant des “conspirations incessantes” contre le mouvement Ennahdha depuis sa victoire aux élections “dans le but de ternir son image”, Rached Ghannouchi a dénoncé l’existence d’une “presse mauve” qui “poursuit son entreprise contre-révolutionnaire pour détourner la Révolution”.
“La liberté de presse est l’un des acquis de la Révolution”, a-t-il souligné, saluant ceux qu’il a qualifiés de “journalistes libres”. Pour Rached Ghannouchi, Ennahdha est un mouvement centriste, “le juste milieu fédérateur des Tunisiens, qu’ils soient islamistes ou laïques”. Il a ajouté en substance: “C’est un mouvement moderniste. Il y va de l’intérêt du peuple tunisien qu’Ennahdha existe tant elle est l’expression de son âme profonde et parce qu’elle allie Islam et modernité”. “Le mouvement Ennahdha se porte bien. Il s’en tient à la charge dont le peuple l’a investi. Il ne renoncera jamais au pouvoir aussi longtemps qu’il aura la confiance du peuple tunisien”, a-t-il encore déclaré.
De son côté, le président du Bureau politique et élu du mouvement Ennahdha Ameur Larayedh a recommandé de “soutenir la légitimité électorale et de bannir la violence d’où qu’elle vienne”, appelant à fédérer les Tunisiens autour des idéaux pour lesquels la révolution a éclaté.
Habib Ellouze, un des dirigeants et député d’Ennahdha, a pour sa part estimé que “cette marche pacifique reflète l’adhésion des Tunisiens au projet de la révolution”, soulignant l’importance de la légitimité de l’Assemblée nationale constituante en tant qu’institution élue par la peuple.
Il a également rejeté l’idée d’un gouvernement de technocrates au motif que “le gouvernement actuel est un gouvernement de compétences et de coalition politique”.
Le prédicateur Béchir Ben Hassine a, quant à lui, affirmé que le peuple tunisien “demeurera un peuple uni autour de valeurs communes comme l’Islam, la fraternité et le patriotisme”.
“Malgré nos différences, la primauté restera à l’intérêt de la Tunisie”, a-t-il ajouté. Prenant à son tour la parole, Sihem Badi, membre du Bureau politique du Congrès Pour la République et ministre des Affaires de la Femme et de la famille, a déclaré que “le peuple tunisien, toutes sensibilités confondues, est en mesure de protéger sa révolution”.
La ministre a également réaffirmé la solidarité des partis de la Troïka et leur détermination à “immuniser” la révolution contre “les périls qui la guettent”. “Le peuple aura à coeur de protéger sa révolution. Il y a de la place pour tout le monde en Tunisie, hormis aux renégats de la révolution”, a-t-elle ajouté.
Di/Tap