Le site Directinfo, comme deux chaînes de télé, s’est mis en «deuil national», moi je ne le suis pas mais je respecte «le deuil» des autres.
Un certain matin, il y a longtemps, j’étais dans une voiture « louage » me dirigeant vers mon travail. La radio annonça « le journal » de 7 h. Le nom «Ben ALI» fut prononcé dix-sept fois en dix minutes. Sur le plateau des chaînes « en deuil national » le nom « Chokri Belaid » avec le chapelet de qualificatifs canonisant est annoncé 10 fois à la seconde.
Le matraquage médiatique démagogique
Le matraquage peut défoncer certains cerveaux, il peut frôler certains autres mais il ne peut jamais aliéner tous les cerveaux.
La première constatation est l’hypocrisie sans borgnes ni vergogne des «laïcs». Ceux et celles qui se fabriquent un «saint-Frère-leader-martyr-combattant suprême» dévoilent encore plus leur mensonge et leur hypocrisie puisqu’il «dénonçaient» et dénoncent toujours la «déification » de Bourguiba et Ben Ali par les médias par la même stratégie : photo au coin du journal ou de l’écran, article «élogieux», ressassement du nom, chapelet de qualificatifs extrêmes, «prières» à l’image du journal des Émirats sur Abu Dhabi, et ils prétendent qu’ils ne sont pas salafistes.
Faut-il comprendre que ces «laïcs-modernistes-révolutionnaires-avant-gardistes» ne sont pas contre la tradition cléricale des assyriens, pharaoniens, juive et chrétienne de sanctification, canonisation et béatification mais ils l’acceptent et l’appliquent à leurs «leaders» et à eux uniquement.
D’accord, la stratégie appliquée est la « tradition » des communistes et les nôtres nous montrent pratiquement comment Lénine, Mao, Castro et les autres furent fabriqués « saints-révolutionnaires » et adulés par Le Parti. Sur le plateau de Hannibal, dans le programme « bila moujamalah », le grand anthropologue et spécialiste Lotfi Laamari annonce sa stupéfiante découverte : (traduction) « Chokri Belaîd a ressuscité (أحيى) la Tunisie, on ne parle plus de la Tunisie du 14 janvier mais de la Tunisie du 6 février » (dixit). Faut-il commenter ?
La seconde constatation est l’instrumentalisation vile et abjecte. Les Tunisiens furent surpris par le meurtre de Chokri Belaid. Beaucoup ont été indignés, attristés, affligés, et tous ont condamné, certes, mais en «deuil national», Jamais. D’abord, c’est illogique car aucune personne n’a de stature nationale dans ce pays, et c’est bien.
Ensuite, ce n’est ni à l’Ugtt ni à Hamma Hammami, parties prenantes, d’annoncer « une grève générale » et « un deuil national ». Dans le cas de Chokri Belaid, ou du cas de décès de toute autre personne, même le président de la République n’en a pas le droit en cette période de mercantilisme politico-idéologique. Enfin, l’exemple, le mauvais, le goujat, fut donné par la veuve du défunt.
Pour terminer ce chapitre nauséabond, les Tunisiens ont vécu en l’espace de deux ans, une pièce théâtrale avec des marionnettes et des pantins qui ont joué un jeu ubuesque mais mesquin, pour leur fabriquer deux « héros-martyrs de la révolution », pièces construites sur deux malheurs, sur du sang versé par feu et par balles. Cela n’est que mercenariat et ceux qui l’ont fait sont des mercenaires de sang.
Pour conclure : «Rive droite», le terrorisme noir veut nous imposer sa conception de l’Islam, sa manière d’être un «vrai musulman», adorer ses «saints conteurs et raconteurs» des siècles d’ignorance, de charlatanisme et de pauvreté. «Rive gauche», le terrorisme rouge veut nous imposer son idéologie marxiste-léniniste, nous imposer ses « vérités », adorer ses «saints frères leaders» à la manière et de la façon des siècles des crimes de sang en France, en Russie, en Allemagne, en Chine, en Albanie, au Cambodge.
Et si le meurtre de Chokri Belaid n’avait aucun rapport avec la politique, aucun lien avec l’idéologie, aucune trace avec ses apparitions et déclarations médiatiques ?
Commentaire de Amad Salem à l’article Tunisie – Gouvernement de technocrates: Qui est Hamadi Jebali ?