Des experts tunisiens mettent en garde contre les tentatives de briser l’unité nationale

garde_tunisieDes experts tunisiens ont mis en garde contre les tentatives de briser l’unité nationale et appelé à la restructuration du champ politique. Ils réagissaient à la montée de la violence en Tunisie qui a atteint son paroxysme avec l’assassinat, mercredi dernier, du militant et homme politique Chokri Belaid.

Un crime que l’Union générale tunisienne du travail a qualifié de « première dangereuse » qui ouvre la voie à l’élimination politique ». Aujourd’hui encore les citoyens vivent sous le choc. Ils s’interrogent sur leur sécurité, l’avenir du pays et les incidences de ce crime sur la transition démocratique et les libertés fraîchement acquises.

La TAP a interrogé des spécialistes en sociologie politique et en développement social qui ont été unanimes à insister sur la nécessité de faire preuve de bon sens en cette épreuve que traverse le pays et de préserver l’unité des Tunisiens.

Pour l’universitaire et expert en sociologie politique, Salem Labyedh, il est impératif, en cette étape critique de faire prévaloir l’intérêt national et de laisser de côté les divergences idéologiques et politiques. Il appelle à tirer la leçon des assassinats politiques qui ont entaché l’histoire de plusieurs nations.

Sur la montée de la violence, il explique que le foisonnement que connaît depuis la révolution le paysage médiatique tunisien, le rôle des réseaux sociaux et l’absence de contrôle de l’Etat a donné lieu à une guerre dépourvue de tout principe. Avis partagé par l’enseignant en sociologie à l’université de Tunis, Mohamed Jouili qui craint que la légitimité de la rue ne l’emporte et ne s’impose sur la scène politique comme alternative à la légitimité institutionnelle. Il appelle à l’urgence de prendre des mesures politiques et juridiques claires pour stopper l’appareil de la violence qui semble être à seuil de déclenchement.

M. Jouili estime par ailleurs, qu’il n’est pas très raisonnable de se fier à la théorie qui soutient que par définition, les Tunisiens ne sont pas capables de violence. Il a pointé du doigt une scène politique nationale qui ne cesse de produire la violence symbolique, verbale et physique.

DI/TAP