La présidente du Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) Néjiba Hamrouni a affirmé, jeudi, que 17 agressions contre des journalistes ont été recensées depuis début janvier 2013, outre les cas de harcèlement, de pressions, de censure, de licenciements, de menaces de renvoi et de changements de la nature des contrats de travail.
« De nombreuses plaintes et affaires sont déposées devant la justice contre les journalistes, face à une absence d’intentions réelles de la part du gouvernement pour faire cesser ces agressions répétées », a relevé Néjiba Hamrouni lors d’une réunion d’information au siège du syndicat à Tunis. S’agissant de la situation professionnelle et sociale des journalistes, la présidente du SNJT a indiqué que 75% des journalistes révoqués après la révolution, suite à la fermeture des établissements qui les employaient, ont été réintégrés dans d’autres établissements. Le syndicat s’emploie, a-t-elle ajouté, à trouver des solutions aux journalistes licenciés, notamment ceux de Nessma TV.
« Les négociations avec les responsables de la chaîne sont positives », a-t-elle dans ce sens souligné. Mme Hamrouni est, en outre, revenue sur les raisons de la suspension du dialogue avec le gouvernement après la grève du 17 octobre dernier, « considérée par ce dernier comme une action syndicale politisée et au service de certaines parties, selon les déclarations de responsables gouvernementaux ». Elle s’est, dans ce cadre, indignée de la non- activation des décrets-lois relatifs au secteur de l’information, notamment les décrets-lois n° 115 et 116. Elle a indiqué à cet égard que les négociations avec la présidence de la République concernant la création d’une instance de régulation des médias ont rencontré des obstacles, accusant le pouvoir de « s’être prêté à une manipulation dans l’application des décrets-lois ».
« La Troïka au pouvoir ne veut pas d’une instance indépendante mais une instance basée sur la politique de quotas », a estimé la présidente de la SNJT. « A qui profite la situation de vide juridique qui ne permet la mise en place d’une législation permettant de défendre les droits des journalistes ? », s’est-elle interrogée. S’agissant de la délivrance de la carte nationale de presse au titre de l’année 2013, Néjiba Hamrouni a précisé que plusieurs correspondances ont été adressées à la présidence du gouvernement réclamant la promulgation d’un arrêté portant création d’une commission chargée de délivrer la carte nationale de presse conformément aux dispositions du décret-loi 115.
Le SNJT, a-t-elle ajouté, a été étonné de voir la validité de la carte nationale de presse au titre de 2012 prolongée à deux reprises, notant « une volonté de la part du gouvernement de maintenir la formule adoptée en 2012 » qu’elle qualifie « d’illégale ». Elle a annoncé à cet égard que l’affaire sera portée devant le Tribunal administratif.
Sur un autre plan, la présidente du SNJT a qualifié la situation financière du syndicat de « critique » face à des ressources limitées et à de multiples dépenses, s’agissant notamment des salaires du personnel et des charges administratives. Evoquant la situation du journaliste tunisien Mahmoud Bouneb qui est en état d’arrestation au Qatar depuis 16 mois pour « dilapidation de fonds publics », Néjiba Hamrouni a annoncé la création d’un comité de soutien en l’absence d’une action diplomatique malgré les correspondances adressées aux trois présidents à ce sujet.