Ils sont finis les temps où il fallait avoir une voiture souvent grosse, une maîtresse souvent blonde, un cigare souvent énorme, une silhouette parfois généreuse, les cheveux assez blancs, des chèques plutôt en bois, des propos souvent fumants et des coups plutôt bas… pour être dans le cercle très privilégié des hommes qui comptent.
Avec la «révolution», les valeurs ont changé, et ne rentre pas dans le cercle qui veut! Ben Ali a été chassé du pays et les partons passent par une telle crise qu’il fallait innover.
Et comme la nature a horreur du vide, une nouvelle caste a vu le jour. Un groupe plus dans l’air des temps spiritueux et religieux, nous dit-on, assurent désormais le vedettariat. Leur fonds propre, un peu d’arrogance, beaucoup de violences et quelques versets de coran.
Le trophée de cette année revient à celui qui vient de faire le coup d’enfer en ce début d’année en s’emparant de l’école Khaldouniya. L’affaire «Sheraton» et «milliongate» en face, c’est du pipo! Vous l’avez bien compris, au top de ce hit parade, un voleur d’institutions.
Il faut dire que Houcine Labidi, imam autoproclamé de la grande mosquée de la Zitouna, en qualifiant Rached Ghannouchi de "Radhia Allahou 3anhou", a vite pris du galon. Il a suffit pour cela de quelques appels au meurtre lors des incidents de l’Abdelleya, pour se hisser au top des dignitaires de la nouvelle Tunisie.
Houcine Labidi s'est emparé par la force de l'espace «Khaldounia» avec une cinquantaine de jeunes et quelques serrures. Il avait fait de même pour la mosquée Zitouna et avait déclaré que la Faculté du 9 Avril est un «hbess» et qu’il fera tout le nécessaire pour restituer le «butin».
On dit souvent que les shows sont des révélateurs de talents. Force est de reconnaître que dans sa catégorie, cet octogénaire ex-réparateur de vélos de «Souk Leblat» fait fort.
Arrêté et placé en garde-à-vue à la suite d’une plainte du ministère des Affaires religieuses, il a été relaxé au bout de deux semaines pour vice de forme. Ce qui est sûr, c’est que lui a la forme et ne la lâche pas.
Ce type de personnage sorti d’une mauvaise version d’Erissala se trompe de pays autant que de temps. Qualifié par un magazine sur la place de Rambo, nous pourrions aussi opter pour «Tyson des mosquées», sa place n'est pas dans les débats politiques ni dans la vie socioreligieuse des Tunisiens. Sa place est juste bonne dans un café ou une librairie à Bab Souika.
La décence m’empêche d’avoir recours aux propos indécents tels que proférés par Walid Bennani, député ANC, pour lui souhaiter un asile de vieillards ou de fous! Dans notre pays, on prend soin des vieux et on les chérit, accompagne, soigne, respecte ou juste «ignore» quand ils perdent la boule!
A moins que Houcine Laabidi soit moins fou qu’il n’y paraît. Auquel cas, il opère dans le cadre d’un scenario écrit et validé. Et là, ce n’est plus d’un imam voyou mais bel et bien d’un autre «hold-up» caractérisé qu’il s’agit voire avalisé et «hallalisé»!