L'avocat de la blogueuse Olfa Riahi Charfeddine Kellil a déclaré mardi que sa cliente a reçu une assignation à comparaître devant le juge d'instruction, jeudi 10 janvier courant. Plusieurs journalistes se sont rassemblés, aujourd'hui devant le palais de justice de Tunis pour suivre l'interrogatoire de Olfa Riahi.
Son avocat a, toutefois, indiqué que sa cliente n'a pas été officiellement convoquée. Dans une déclaration à l'agence TAP, Me Kellil a indiqué s'être entretenu, ce matin, avec le juge d'instruction pour l'informer qu'il défendra la blogueuse avec quatre autres de ses confrères.
De son côté, le juge d'instruction l'a informé qu'une plainte a été officiellement déposée à l'encontre de Olfa Riahi par le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem et qu'une enquête est ouverte depuis vendredi dernier.
Le ministère public, a-t-il ajouté, a retenu 7 chefs d'accusation à l'encontre de la blogueuse. Olfa Riahi avait annoncé, samedi, sur sa page Facebook, que les autorités tunisiennes lui ont imposé une interdiction de voyage, et qu'elle est accusée de "diffamation", de "nuire à autrui sur les réseaux de communication publique", de "divulgation du contenu de documents appartenant à autrui sans l'autorisation de la personne concernée", d'"attribuer un fait irréel à un fonctionnaire sans en établir la preuve", de "divulguer des informations personnelles dans l'intention de nuire à l'intéressé et de se procurer à elle-même ou à autrui un avantage", et de "diffuser de fausses informations de nature à troubler l'ordre public".
Me Kellil s'est dit "étonné de voir le ministère public adopter totalement les accusations portées par la défense du ministre des Affaires étrangères contre sa cliente".
De son côté, Olfa Riahi a déclaré à la TAP que les documents diffusés sur le ministre des Affaires étrangères « s'inscrivent dans le cadre de la bataille pour la démocratie », affirmant qu'elle a « confiance en la justice tunisienne ». La blogueuse refuse que l'affaire soit « instrumentalisée politiquement », précisant que l'affaire aurait pu concerner tout autre ministre.
La blogueuse avait suscité une grande polémique en publiant, fin décembre dernier, des déclarations appuyées de documents, révélant que le ministre des Affaires étrangères Rafik Abdessalem a séjourné à plusieurs reprises à l'hôtel Sheraton de Tunis aux frais du ministère.
Elle a fait état de "présomptions" de corruption financière qui pèsent contre Rafik Abdessalem sur fond du versement d'un don financier de la Chine dans l'un des comptes bancaires du ministère des Affaires étrangères.
DI/TAP