La vague de protestation commencée dimanche après-midi ne s'est pas calmée, lundi, dans la délégation de Ben Guerdane, en raison de la poursuite de la fermeture du point de passage frontalier de Ras Jdir, entre la Tunisie et la Libye, qui constitue source principale du revenu d'une bonne partie des habitants de la région.
Après une nuit de tension, les élèves des établissements éducatifs se sont joints aux rangs des protestataires, ce qui a conduit à une quasi-fermeture des lycées et collèges. Un rassemblement s'est formé sur la place de l'Union du Maghreb arabe, alors que les unités sécuritaires qui avaient été renforcées, depuis dimanche après-midi, poursuivent leurs interventions avec utilisation du gaz lacrymogène pour disperser les manifestants.
Nombreux commerçants ont, pour leur part, préféré baisser leurs rideaux, en raison des altercations qui surviennent d'un temps à l'autre, entre les protestataires et les forces de sécurité.
Certains habitants de Ben Guerdane pensent que la question de l'ouverture ou de la fermeture du point de passage sera tranchée, aujourd'hui, surtout avec la visite en Libye du chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali.
La situation du point de passage de Ras Jédir est l'une des priorités de cette visite et une réunion de négociations sur cette question doit avoir lieu, lundi après-midi, entre les autorités locales de Ben Guerdane, des composantes de la société civile et des parties libyennes, afin de trouver une solution pouvant satisfaire tout le monde et "garantissant l'avenir des relations étroites entre les deux pays et leurs intérêts communs", selon les déclarations du délégué de Ben Guerdane, dans une communication téléphonique avec l'agence TAP. La vague de colère et de tension qui sévit dans la délégation est le résultat de la situation du point de passage frontalier de Ras Jdir, d'après les affirmations de certains protestataires, ainsi que ses lourdes retombées sur les transactions commerciales entre les deux pays et le recours aux lignes maritimes pour le transport des différentes marchandises, entre les deux pays, ce que les protestataires considèrent comme une menace aux activités commerciales et donc à leur travail.
La première étincelle a éclaté lors des plaintes des propriétaires des camions libyens, à la suite des menaces proférées contre eux et leurs biens, sur le territoire tunisien, surtout après l'incendie d'un camion libyen qui avait causé la mort de deux personnes, lors d'un accident de la circulation, dans le gouvernorat de Kasserine.
Les réactions s'étaient multipliées des deux côtés, entre les protestations des commerçants de Ben Guerdane, le blocage des camions et des sit-ins des propriétaires des camions libyens, dans leur pays, ce qui avait paralysé, totalement, l'activité commerciale et le recul du trafic des voyageurs, dans les deux sens. Des décisions libyennes interdisant aux commerçants tunisiens d'importer des marchandises de Libye et gèlant une mesure en cours qui dispense les marchandises en direction de la Tunisie des droits de douane, si leur valeur ne dépasse pas les 4000 livres libyennes, avaient approfondi la crise. Les commerçants de Ben Guerdane mettent en cause la décision tunisienne d'imposer une autorisation préalable lors de l'exportation de produits alimentaires, l'accusant d'être à l'origine de la dégradation de la situation de l'activité commerciale.
DI/TAP