Aux cris de guerre des assaillants, Fadhel El Jaziri a réagi par un roulement de tambour en cet après midi de la honte du samedi 22 décembre à Djerba lors du congrès de Nida Tounes dans un hôtel de la place.
Alors que Néjib El Chebbi, annonçait haut et fort, la décision d’Al Joumhouri d’adhérer au front démocratique sans conditions préalables, accueilli par une standing ovation et par l’hymne national des présents, le nouvel ordre constitué des ligues, des sympathisants de partis rivaux et de jeunes désœuvrés ont forcé la salle du congrès.
Ils ont coupé le son, éteint la lumière et se sont dirigés vers l’assistance. Les premières rangées, paniquées, ont pris la fuite alors que les autres, et particulièrement les femmes, se sont mises en position de défense. Maher El Haffani, l’un des membres du bureau élargi de Nida Tounes, s’est dirigé vers la mezzanine envahie par les agresseurs pour faire front et aider les jeunes qui procédaient à l’enregistrement à sortir indemnes alors que les coups pleuvaient sur leurs têtes. Au même instant, Fadhel El Jaziri a fait entrer en scène près de trente instrumentalistes qui ont fait rouler les tambours incitant les hommes présents à faire face et à défendre leur manifestation.
Face aux bravades des pseudos protecteurs de la révolution, au silence complice des responsables sur la sécurité des tunisiens, qu’ils soient de gauche, ou de droite, noirs ou blancs, musulmans, chrétiens ou juifs, ce sont de simples mères de familles avec leurs enfants et des militants désarmés qui ont dû défendre leurs droits à exister, à s’exprimer, bref à être des Tunisiens.
Est-ce que par excès de puissance, par une profonde conviction qu’ils peuvent agir en tout impunité que les nouveaux “purificateurs” de la Tunisie post-révolution, ces ligues de protection de la révolution continuent à sévir, à faire la loi dans le pays et agir comme bon leur semble?
Qui payera pour ce qui s’est passé samedi 22 décembre à Djerba? Certainement pas ces ligues. Car aux dernières nouvelles, les annulations commencent à pleuvoir sur l’île en cette période de l’année où d’habitude les hôtels sont surbookés. Les chancelleries étrangères s’inquiètent sérieusement de l’évolution des choses en Tunisie et les Tunisiens se demandent si l’Etat existe encore et si la loi est encore respectée ou si c’est aujourd’hui, c’est le plus fort, le plus brutal, le plus violent, le plus protégé qui fait la loi?
Amel Belhadj Ali