Grisé par la grande victoire de son parti aux élections de la Constituante et par la nomination d’un gouvernement de décision nahdhaoui, Rached El Ghannouchi, président du parti Ennahdha, a tendance à se comporter, de plus en plus, comme un leader spirituel, du type Khomeini d’Iran, un chef suprême qui fait la pluie et le beau temps sans avoir pourtant aucune fonction officielle. Trois indices le montrent.
Le premier d’entre eux, c’est la présence de Rached Ghannouchi à la tribune d’honneur lors de la célébration, le 17 décembre 2011, à Sidi Bouzid, du premier anniversaire du déclenchement de la révolution alors qu’il n’était qu’un président d’un parti comme tous les autres présidents et secrétaires généraux des partis du pays.
Deuxième indice, lors de son allocution au cours de cette manifestation, il a commis «la maladresse» de faire peu de cas du président de la République, Mohamed Moncef Marzouki, et de faire fi de toutes les règles protocolaires en s’adressant directement à Hamadi Jebali, Premier ministre nahdhaoui pour lui ordonner de lancer des projets de développement en faveur des pauvres bouzidis.
Troisième indice, la nomination de son gendre Rafik Abdessalem à la tête du ministère des Affaires étrangères illustre de manière éloquente que le véritable chef de la diplomatie tunisienne n’est autre que Rached El Ghannouchi.
Tout indique qu’en sa qualité d’acteur de la mouvance islamique internationale, Rached El Ghannouchi, qui a su imposer le respect de ses amis -les américains- et de ses ennemis -les Français- qui, après l’avoir provoqué en le menaçant d’assortir leur aide économique au respect des droits de l’homme, le courtisent actuellement, fera de ce ministère son principal bureau à Tunis, avant même celui dont il dispose au siège d’Ennahdha.
Tout montre, également, que son gendre, le nouveau ministre des Affaires étrangères, sera à ses ordres, et de ce fait, sa mission consistera essentiellement à promouvoir une diplomatie tunisienne aux couleurs d’Ennahdha, à démentir ou à confirmer le bien-fondé des déclarations incendiaires à l’international de Rached El Ghannouchi.
C’est pour dire que la Tunisie n’est pas, hélas, sortie de l’ornière et qu’elle butte toujours comme une fatalité aux gouvernements de l’ombre. Cette fois-ci le chef de ce type de gouvernement ne se cache pas… C’est une personnalité connue, en l’occurrence Rached El Ghannouchi, le nouveau patron de la Tunisie.
Article de Abou Sarra publié sur WMC Tribune