A regarder de près l’assaut que viennent de mener des milices se réclamant des ligues de protection de la révolution, juste deux heures après la signature, dans une ambiance festive, par le patronat et la centrale syndicale, de conventions sur les majorations salariales dans le privé et la fonction publique, toute personne dotée d’un minimum bon sens serait tentée d’y voir un acte de sabotage qui cible, en premier lieu, le gouvernement de Hamadi Jebali.
Et lorsqu’on sait que la seule personnalité politique qui ait défendu, bec et ongles, les agressions de «ces escadrons de la mort» n’est autre que Rached Ghannouchi, le gourou de la secte des nahdhaouis, qui a qualifié, dans sa conférence de presse, ces barbares d’autres temps, de «conscience de la révolution», nous disons bien «conscience de la révolution», toute personne sensée serait tentée, également, de voir dans le leader du parti Ennahdha non seulement «le parrain» de ces milices mais également le donneur d’ordre de cet acte de sabotage de l’action gouvernementale.
Ghannouchi a même poussé son cynisme jusqu’à avancer que l’attaque contre le siège de l’UGTT a été menée par les syndicalistes eux-mêmes et des appendices RCDistes. Ennahdha et les ligues de protection de la révolution y sont étrangères».
Commentant cette attaque, Khalil Zaouia, ministre des Affaires sociales, n’a pas manqué de rappeler, sur les plateaux radiophoniques et télévisés, que cet assaut contre les syndicalistes en un jour de fête, en l’occurrence la commémoration de l’assassinat, 60 ans après, par la Main rouge, du leader syndicaliste et nationaliste Farhat Hached, «relève du machiavélisme politique» en ce sens où l’agression a eu lieu, concomitamment, avec un évènement heureux, celui de la signature, sous les auspices du gouvernement, de la convention de majoration des salaires entre l’UGTT et l’UTICA».
Il a ajouté que les seuls gagnants de la violence générée par les affrontements qui ont eu lieu entre les milices des comités de protection de la révolution et les syndiqués sont «les contrerévolutionnaires».
Selon ce raisonnement, Rached Ghannouchi et ses sbires ne seraient que des contrerévolutionnaires et des saboteurs du gouvernement issu du parti Ennahdha.
Les analystes de la chose politique tunisienne sont de cet avis. Ils estiment que l’assaut mené contre le siège de la centrale syndicale est un coup dur pour le gouvernement Jebali d’autant plus que ce dernier a cherché à atteindre un double objectif à travers ces majorations généreuses. Il s’agit, d’un côté, de faire oublier à l’opinion publique les gros déboires qu’il a subis dans la région et, de l’autre, s’assurer de l’appui du patronat et de la centrale syndicale pour instaurer la paix sociale, le temps de redonner confiance aux investisseurs locaux et étrangers.
Alors si Rached Ghannouchi cherche à saboter le gouvernement Jebali, c’est dans quel but?
Malheureusement, le gourou, qui n’est pas à son premier coup de sabotage, semble avoir un autre agenda, celui de diviser le pays et de semer la zizanie.
La question qui se pose dès lors est de savoir si le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, va continuer à subir ces actes de sabotage criards ou, par contre, s’il va réagir en engageant, publiquement et non en catimini comme cela a été le cas jusque-là un bras de fer avec Ghannouchi dont la crédibilité est à son bas niveau dans le pays. Les prochains jours nous le diront.
Par Abou SARRA
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