L’ambassadeur de Tunisie à Addis Abéba -couvrant les Seychelles- a condamné l’attitude des autorités seychelloises les accusant de complicité dans l’affaire Sakhr El Materi. Entre temps, cela ne nous avance pas beaucoup dans la mesure où notre brigand est passé par les mailles du filet et coule des jours heureux sous les cocotiers. Et ce dans un de ces paradis fiscaux où le clan Ben Ali-Trabelsi auraient placé une partie des biens spoliés.
Le hasard du calendrier a voulu que la nouvelle de l’«arrestation» du gendre cleptomane du président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, Sakhr El Materi, tombe au moment où se tenait à Tunis un colloque international sur la restitution des avoirs mal acquis placés à l’étranger.
On pourrait dire à la limite que lorsqu’on parle du loup… D’autant plus que l’ombre de Sakhr El Materi a plané sur ce colloque. Le ministre de la Justice, Nourreddine Bhiri, a déclaré en marge des travaux de ce colloque, le 14 décembre 2012, que l’intéressé a été arrêté. Celui-ci est entré sur le territoire seychellois avec un passeport échu. Le ministre semblait très confiant sur la suite: Sakhr El Materi pourrait être extradé; de toutes les façons, les autorités feraient tout en coopération avec la police des polices, l’Interpol, auprès de laquelle un mandat a été déposé.
Une information qui a nourri beaucoup d’espoir par nombres de Tunisiens soucieux de l’arrestation d’un membre de la famille Ben Ali-Trabeslsi que le président déchu destinait, qui plus est, selon nombre de dires, à sa succession à la tête de l’Etat.
Montrer patte blanche
Mais voilà qu’un communiqué du département des Affaires étrangères des Seychelles nous apprend le lendemain, c’est-à-dire le 15 décembre 2012, que Sakhr El Materi a quitté le territoire de ce pays africain. Le communiqué a même démenti qu’il ait été arrêté, tout en précisant que celui-ci a seulement subi un «court» interrogatoire.
En clair, on nous dit qu’un malfaiteur a été relâché après un «court» -furtif?- interrogatoire alors qu’il est en possession d’un passeport qui a expiré et qu’il est recherché par l’Interpol. Il y a, là, quelque chose qui cloche, comme on dit de l’autre côté de la Méditerranée !
On a, sans doute, oublié de nous dire que le pays visité par Sakhr El Materi est un paradis fiscal. Un pays où tout est permis à condition, pour ainsi dire, montrer, et pour reprendre une expression rencontrée dans une des fables de La Fontaine, «Le loup, la chèvre et le chevreau», patte blanche. Comprenez lorsqu’on a beaucoup de sous, on ne craint rien.
Ce pays, situé dans l’Océan Indien, connu pour ses tortues géantes et ces noix de 30 kilogrammes, abrite de nombreuses entreprises hors-la-loi qui peuvent être créées en 24 heures sans donner l’identité de leurs créateurs et autres associés et sans tenir d’assemblée générale annuelle.
Sakhr El Materi y est peut-être d’ailleurs venu se rassurer quant à la bonne gestion des fonds qu’il a spoliés et placés dans ce pays; un pays qui figure en bonne place sur la liste de pays comme l’Uruguay (Amérique du Sud), le Vanuatu ou encore le Nauru (Etats d’Océanie) considérés par l’OCDE (Organisation de la coopération et du développement économique), qui regroupe les pays riches du Nord, connus pour être des paradis fiscaux et qui ont en commun ceci: des impôts insignifiants ou inexistants, l’absence de transparence sur le régime fiscal et l’absence d’échanges de renseignements fiscaux avec d’autres États.
De nombreuses sources indiquent d’ailleurs qu’une partie des biens spoliés par les membres du clan Ben Ali-Trabelsi est située dans des paradis fiscaux qui ont pour nom le Luxembourg et la Suisse qui collaborent cahin-caha aux procédures de restitution des fonds en question.
Il faut dire que l’ambassadeur de Tunisie dans la région a condamné l’attitude des autorités seychelloises les accusant de complicité. Entre temps, cela ne nous avance pas beaucoup dans la mesure où notre brigand est passé par les mailles du filet et coule des jours heureux sous les cocotiers. Allez expliquer cela au citoyen lambda!
Par Mohamed Farouk
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