Tunisie : Le régime politique doit être l’affaire de tous”, affirme le parti Al Wifak

 

Tout le peuple tunisien doit participer au choix du régime politique”, a souligné mardi Mustapha Saheb Ettabaa, président du parti Al Wifak, lors d’une conférence organisée à Tunis sur le thème “quel régime politique pour la Tunisie: l’expérience portugaise comme exemple”. Cette conférence qui s’inscrit dans le cadre d’une série de rencontres-débat sur les différents régimes politiques “vise à tirer les leçons des expériences étrangères afin de parvenir au choix d’un régime politique approprié pour la Tunisie”, a-t-il précisé.

M. Saheb Ettabaa a affirmé que “le choix du régime politique est l’affaire de tous” étant donné que le modèle choisi devra garantir une vie décente à tous les citoyens et améliorer leur vie quotidienne. “Nous sommes pour un régime semi-présidentiel afin de garantir un équilibre entre les pouvoirs”, a-t-il avancé. Le président de Al Wifak a, en outre, fait remarquer que son parti n’appartient ni à l’opposition ni aux partis au pouvoir.

“Nous sommes un parti centriste qui œuvre pour le bien de la Tunisie, et notre pays a aujourd’hui besoin de consensus pour réussir la transition démocratique”, a-t-il précisé. Présentant le régime politique portugais, José Lamigo, Docteur en droit à l’université de Lisbonne au Portugal, a souligné qu’au cours de la période de transition qui a duré deux années après la révolution des œillets (avril 1974), le mot d’ordre était que “la réconciliation nationale et la clé du succès politique”.

Il a indiqué que le régime politique du Portugal est basé sur la séparation entre le politique et le religieux. “Le président de la République est élu au suffrage universel mais il préside et ne gouverne pas”, a-t-il fait nuancé. “Le Gouvernement, placé sous l’autorité du Premier ministre, est le véritable détenteur du pouvoir exécutif. Le chef du gouvernement est nommé par le président de la République et il doit faire partie du parti majoritaire”, a-t-il encore expliqué.

José Lamigo a signalé qu’après la révolution d’avril 1974, une assemblée constitutionnelle a été élue et a élaboré une nouvelle constitution pour le pays en une année. Il a en outre souligné l’importance de créer une cour constitutionnelle dans la garantie d’un équilibre entre les pouvoirs. Pour sa part, Taoufik Bouachba, docteur d’Etat en droit a souligné, dans une déclaration à l’agence TAP, que le modèle français serait le meilleur pour la Tunisie.

“Je trouve dommage que l’Assemblée nationale constituante ne s’est pas intéressée au modèle français avec des adaptations au contexte tunisien.

C’est un régime démocratique qui garantit la stabilité étant donné que le président de la République à de fortes attributions et de même pour le parlement”, a-t-il fait remarquer. Il a ajouté que le régime parlementaire ne convient pas à la Tunisie. “Il serait même une source d’instabilité caractérisée puisque nous n’avons pas, encore, deux ou trois grands partis qui peuvent faire l’équilibre sur l’échiquier politique et garantir une alternance sur le pouvoir”, a-t-il estimé. “Cela donne un parti dominant qui peut rester longtemps au pouvoir et dans un contexte comme le nôtre en Tunisie ça ne peut amener qu’à un régime autoritaire”, a-t-il prévenu.

L’intervenant a plaidé en faveur d’un régime présidentiel amendé ou mixte pour la Tunisie qui concilie certains aspects du régime parlementaire mais avec des mécanismes du régime présidentiel. “Le président doit être élu par le peuple et doit avoir des attributions propres importantes, autrement si on lui donne de faibles attributions, nous nous trouveront dans la même situation que nous vivons actuellement en Tunisie et qui est nullement heureuse”, a-t-il lancé. Le régime politique portugais, a-t-il encore considéré, est aussi digne d’intérêt étant donné que c’est un modèle intermédiaire entre le régime parlementaire pur et le régime présidentiel.

DI/TAP