Le temps presse et tout va mal… mais je vais bien, je m’estime heureux car il fut un temps où il n’était pas donné à tout le monde de connaitre l’heure ! Les seuls à détenir ce privilège furent les prêtres, ils avaient les moyens techniques pour “deviner” l’heure qu’il était, et ainsi fixer l’horaire des prières. Il fut un temps aussi où chaque partie du globe divisait le jour comme il lui convenait, créant ainsi un réel « décalage horaire» d’un empire à un autre. Le système horaire dont nous avons hérité aujourd’hui nous est parvenu du système germanique (le jour finit à 00:00), voilà d’où, l’expression “l’heure allemande”, puise son origine !
Depuis ‘Homme croit maitriser le temps en l’enfermant dans une boite qu’il a appelé “Horloge”. Mais le temps ne se contrôle pas, il se constate pour certains, et se gère pour d’autres.
L’heure tourne et nous le constatons à traves nos rides, Alors nous rêvons tous de faire de la haute couture comme Jean Paul Gaultier en recousant les cicatrices du passé avec les aiguilles d’une montre, mais le temps nous donne du fil à retordre, car “On ne peut pas remettre le dentifrice dans son tube”. Le temps est notre ennemi. Nous le combattons chaque jour que Dieu fait, les pommades anti-âge, le botox et la chimiothérapie en phase terminale prétendent nous servir de bouclier dans cette guerre éternelle. Mais que faire d’un bouclier devant une bombe atomique ?
“Le temps c’est de l’argent”, voilà l’expression favorite des gens occupés, très occupés, plus occupés que le téléphone de Bassem Ben Massoud ! Mais ces gens ont oublié qu’ils peuvent amasser des millions de dinars dans leurs comptes courants, mais qu’ils ne pourront jamais mettre les minutes dans un compte-épargne ! L’argent s’épargne, mais le temps se dépense : tu pourras garder de l’argent de coté pour la retraite, mais pas un peu de ta jeunesse pour tes vieux jours.
Et ton poignet aura beau être orné d’une fabuleuse Rolex au prix exorbitant, l’heure y sera la même que sur l’horloge de l’avenue Habib Bourguiba, tu pourras collectionner des montres mais tu seras toujours en manque de temps.
C’est le cas des Tunisiens, c’est mon cas : 24heures ne me suffisent plus. Je suis pour le clonage ! Que l’on me fabrique un 2ème Heni ! Il s’occupera de toutes les taches ennuyeuses surtout celles avec l’administration tunisienne. Cette dernière est pire que Facebook, c’est le meilleur moyen pour perdre son temps.
J’ai grandi et j’ai perdu mon innocence le jour où j’ai su qu’un sourire sur les lèvres d’un fonctionnaire et les vampires n’ont jamais existé !
L’administration tunisienne n’est pas pressée, et elle te le fera savoir à travers ses éternels “reviens demain !”. Je suis tellement “revenu demain”, qu’ils m’ont pris pour un nouveau stagiaire.
Les responsables dans nos administrations prennent leurs signatures pour des autographes. J’ai reçu mon 1er passeport vert il y a quelques semaines, alors que j’avais déposé la demande durant l’été. Je crois que la signature du commissaire de Police vaut beaucoup plus que celle de feu Michael Jackson.
Mais je comprends…Comment peut-on être serviable quand on est payé une misère?
Bref, tout cela pour dire que quelque chose cloche dans notre chère patrie.
Pourquoi la Tunisie va mal ? « Qu’est ce que j’en sais moi, ce n’est pas ma faute, c’est l’autre».C’est notre attitude de tout mettre sur le dos des autres quand tout va mal. La jeunesse est supposée faire avancer les choses, mais la jeunesse tunisienne est paraplégique.
Unissons nous, avançons main dans la main ? “Non ça fait pédé !”
Nous devrions nous serrer les coudes, mais nous préférons nous donner des coups avec !
Alors Chacun s’indigne et se révolte de son coté ou sur son profil de réseau social, et nos coups de gueule me rappellent les bruyants coups de klaxons dans les embouteillages en Tunisie, ces coups de klaxons poussés par des gens, toujours pressés, qui croient désespérément faire bouger les choses en maintenant enfoncé le bouton du klaxon. Les Klaxons sont des commentaires dans les embouteillages des réseaux sociaux !
Mais nous sommes sur le même bateau, le bateau coule, et nous ne sommes pas tous des Oussama Mellouli !
« Chacun pour soi et Dieu pour tous » voilà le crédo de la jeunesse tunisienne, Ne nous parle pas d’engagements. Ne nous parle pas d’engagements, ni amoureux, ni politique, ni social, nous n’aimons pas l’engagement, nous nous engageons seulement quand le feu passe à l’orange. -Les chauffards me comprendront ! – Pourquoi ?
Car nous voulons gagner du temps. Pour faire quoi avec ?
Nous sommes un peuple pressé ! Pressé de ne rien faire, pressé d’aller nulle part !
Mais il faudrait que l’on sache que le temps ne passe pas. Le temps reste, les heures passent, l’Homme trépasse, et la jeunesse tunisienne sera toujours là, à gémir pitoyablement sur le Mur des Lamentations qu’est devenu le « Wall » de Facebook !
Il faut tirer la sonnette d’alarme…encore faut-il que nous soyons réglés sur la même heure !
Blog: Charlie Abdou