“On a besoin de 7 mille milliards par an pour éradiquer la pauvreté en Tunisie”, a déclaré, lundi, Jaleleddine Ben Rejeb, directeur général de l’Institut national de la statistique (INS).
“L’accroissement des disparités entre les régions et l’augmentation du taux de pauvreté en milieu rural et chez les chômeurs, les ouvriers agricoles et les analphabètes”, sont les principaux constats du rapport réalisé par l’INS sur la mesure de la pauvreté, des inégalités et de la polarisation en Tunisie (2000-2010) a fait savoir M. Ben Rejeb.
Lors d’une journée organisée, lundi à Tunis, pour présenter les résultats de ce rapport réalisé en coordination avec la banque africaine de développement et la banque mondiale, le directeur général de l’INS a souligné que le taux de pauvreté extrême est de 14,3% au centre ouest alors qu’il est de 1,1% dans le Grand Tunis contre une moyenne nationale de 4,6%.
La pauvreté touche essentiellement les chômeurs (40,3%) et les analphabètes (23,4%), a-t-il ajouté. Intervenant à cette occasion, Khalil Zaouia, ministre des affaires sociales a souligné que la Tunisie a besoin, aujourd’hui, de 7 mille milliards par an pour éliminer la pauvreté alors que l’enveloppe disponible s’élève à 5 mille milliards par an, seulement. Il a indiqué que les chiffres de l’INS seront pris en compte par le ministère des affaires sociales notamment pour la réalisation du registre de la pauvreté afin de mieux cibler les familles pauvres et dans le besoin et améliorer la politique d’encadrement de la pauvreté.
Dans ce sens, M. Zaouia a fait remarquer que l’approche du ministère des affaires sociales dans l’identification du seuil de la pauvreté est multidimensionnelle étant donné qu’elle tient compte du changement de la situation sociale des familles (les malades, les handicapés, les licenciements…). De son côté, M. Jameleddine Gharbi, ministre du développement régional et de la planification a souligné que la lutte contre la pauvreté et les inégalités régionales doit reposer sur trois axes principaux, à savoir, le changement profond au niveau du modèle de développement, la décentralisation et la bonne gouvernance.
“L’objectif ne devrait plus être l’augmentation du taux de croissance économique mais la croissance du bien être individuel et collectif”, a-t-il précisé mettant l’accent sur la nécessité de mettre en place un modèle de développement macro économétrique basé sur l’intégration de toutes les régions et de tous les secteurs ainsi que le renforcement des capacités des acteurs locaux. Pour sa part, M. Hosni Nemsia, expert en statistiques a souligné que l’INS n’a jamais falsifié les statistiques mais elle a, en revanche, caché des données qui ne plaisaient pas à l’ancien régime.
Il a indiqué que les divergences entre les taux de pauvreté présentés par l’INS et ceux élaborés par le ministère des affaires sociales sont dues à l’adoption de méthodologies différentes. Hassen Zargouni, membre du conseil national de la statistique a parlé du produit national du bonheur (BNB), appelant l’INS à intégrer l’indice du bonheur et du bien- être dans l’étude du taux de la pauvreté. Il a, par ailleurs, signalé l’émergence d’une nouvelle pauvreté post industrielle due au licenciement du chef de famille ou du couple.
WMC/TAP