Tunisie : Le ministre de la Justice entendu par la Commission des droits et des libertés

 La Commission des droits et des libertés relevant de l’Assemblée Nationale Constituante, présidée par l’élue d’Ennahdha, Souad Abderrahim, a auditionné vendredi le ministre de la Justice, Noureddine B’hiri, sur la situation des prisons tunisiennes, notamment la prison de Mornaguia.

Une délégation de la Commission avait visité, cette semaine, la prison de Mornaguia où plusieurs détenus ont observé une grève de la faim qui a conduit à la mort de deux d’entre eux.

Le ministre a notamment été questionné sur les problèmes et les conditions d’incarcération ainsi que la grève de la faim collective des détenus salafistes et les circonstances de décès des grévistes Béchir El Golli et Mohamed Bakhti. “Les élus qui ont visité la prison de Mornaguia ont relevé des violations des droits et des libertés des prisonniers”, a souligné Mme Abderrahim, ajoutant que “les conditions d’incarcération ne correspondent pas aux normes internationales”.

La prison compte 6.600 prisonniers alors que sa capacité maximale est de 5.000, a-t-elle noté, relevant que des détenus souffrent de problèmes de santé “sévères” et sont “exploités commercialement”. Ceci montre, a-t-elle dénoncé, une négligence des structures gouvernementales de tutelle et des organisations civiles.

Les membres de la Commission se sont en outre enquis de la lenteur de l’investigation, les tensions entre le personnel pénitentiaire et les détenus, la persistance de la corruption dans les prisons et le rôle de la société civile dans le suivi de la situation des prisonniers.

Dans sa réponse, le ministre de la Justice a relevé que les difficultés financières ont empêché la réforme des prisons, citant également le manque d’engouement des cadres médicaux pour le travail dans les établissements pénitenciers et la non contribution de la société civile à l’amélioration des conditions d’incarcération à l’instar de ce qui se passe dans les pays occidentaux.

Pour ce qui est de la grève de la faim observée par des salafsites dans la prison de Mornaguia, M. B’hiri a assuré que les grévistes de la faim ont fait l’objet de suivi médical et qu’il n’était pas possible de les forcer à s’alimenter comme dans le passé sous l’ancien régime. Il a nié l’existence de mauvais traitements, précisant que 30 agents et officiers ont été arrêtés dans le cadre d’une enquête sur la violence contre des prisonniers.

De nouveaux cadres et agents reçoivent actuellement une formation pour être affectés dans des postes de responsabilité dans les prisons, a-t-il annoncé, appelant les constituants à aider à l’identification des personnes ayant commis des atteintes et à le prouver dont le directeur de la prison de Mornaguia. La séance a duré plus de 3 heures en présence des médias.

DI/TAP