Par Benoît Delmas
Le fait passe relativement inaperçu mais sans la révolte populaire du 14 janvier, Zine Ben Ali aurait souhaité son 24è anniversaire à la tête de l’Etat tunisien. Aujourd’hui emprisonné en Arabie Saoudite, prison dorée je vous rassure, Ben Ali attend la mort en ce pays qui n’expulse pas les dictateurs. Sa femme, Leïla, serait à Dubaï. On la voit régulièrement faire du shopping, son activité intellectuelle la plus intense il est vrai.
Cela semble désormais normal de ne plus voir les portraits de Zine dans la rue, les commerces, les taxis… De ne plus subir ses vigiles qui paté de maison après paté de maison espionnaient leurs voisins moyennant quelques dinars, quelques faveurs. Aujourd’hui, on parle. Pas de foot mais de politique. Après le succès de l’élection du 23 octobre – un modèle de discipline collective -, la Tunisie est entrée dans le club des pays qui vivent les rituels de la démocratie: vote, résultat, analyse des résultats, mécontentements, commentaires…
Ce 7 novembre aurait du marquer, sans l’étincelle sociale de Sidi Bouzid qui a fait flamber le système mafieux des époux Ben Ali et du gang Trabelsi, le 24è anniversaire de Ben Ali au pouvoir. Les avions auraient déversé des flottilles d’invités – journalistes, hommes d’affaires, ministres de pays amis… – sur le tarmac de l’aéroport de Tunis Carthage. Cela aurait été grande fête au Palais de Carthage, avec diners somptuaires, discours fleuve, embrassade et fausses amitiés. Fini. C’est fini. Si Ben Ali et sa drôle de femme sont partis, il reste une partie du système mis en place par celui-ci. La corruption sévit toujours – ce sera l’un des grands chantiers du nouveau gouvernement -, l’économie est en ruines – contrairement à ce que le FMI disait chaque année – et on dénombre 700.000 chômeurs sans omettre les pauvres qui n’ont droit à rien.
Article publié le 07/11/2011
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